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tonnes en 1789 à 10 millions de tonnes en 1863, le bassin de la Loire seul en produit 3 millions[1]. C’est à cette industrie si récente que Lyon a dû les premiers chemins de fer créés en France, ceux de Saint-Etienne, Andrésieux et Roanne ; c’est grâce au voisinage des mines de charbon et à la facilité des débouchés que l’industrie métallurgique a pris dans le Rhône des développemens considérables qui ont singulièrement accru l’activité du marché lyonnais. Aux anciennes industries de la fabrication des étoffes de soie, de la passementerie, de la dorure enfin et de la teinture, qui portaient son nom dans tout le monde, la ville de Lyon a depuis le commencement du siècle ajouté de petites et de grandes industries dont l’activité productrice dépasse de beaucoup celle des premières. La fonderie de fonte, de cuivre, la fabrication de l’acide sulfurique, des produits chimiques, des machines, entretiennent plusieurs milliers d’ouvriers et alimentent des établissemens de premier ordre[2]. La fabrication des machines date de quarante ans, les fonderies de fonte de soixante-quinze. Il y a à Lyon six grandes fonderies de fonte et cinq grands ateliers de fonderie de cuivre, avec une grande quantité de petits. La chaudronnerie seule occupe 9,000 ouvriers. La fabrication de boutons de cuivre se solde par plusieurs millions de francs. Tout ce qui se rattache au culte, la fonderie de cloches, les bronzes et l’orfèvrerie d’église, etc., donne lieu à d’importantes transactions. Par contre, l’orfèvrerie a diminué le nombre de ses ateliers, et la chapellerie, qui était autrefois la principale industrie après celle des étoffes de soie, n’écoule plus que 450,000 chapeaux, pour une valeur de 3 millions de francs ; mais le faubourg de Vaise a conservé ses importantes tanneries et y a joint de grandes scieries mécaniques. La meunerie compte dix moulins à eau et à vapeur. Dans les objets d’alimentation, certaines productions entretiennent une activité constante[3].

  1. La progression de la France sous le rapport de la consommation de la houille a été rapide ; il y a encore beaucoup à faire cependant pour atteindre celle de la Belgique et de l’Angleterre. La Belgique consomme 1,280 kilos par habitant, l’Angleterre 2,900, la France seulement 400, dont un tiers fourni par l’importation étrangère. Sur 150,000 hectares de terrains houillers, la Belgique extrait 10 millions de tonnes, autant que la France sur 350,000 hectares. Le bassin de la Loire n’en contient que 25,000, et donne le tiers de la production totale. L’Angleterre produit 86 millions de tonnes.
  2. Il suffit de citer la fabrique d’acide sulfurique de Perrache et les établissemens de la Buire à la Guillotière pour les machines, ainsi que celui d’Oullins, qui renferment chacun 1,200 ouvriers.
  3. Quelques productions alimentaires sont toutes spéciales à Lyon, par exemple la fabrication de la bière, qui s’écoule dans le midi de la France et en Algérie, celle des pâtes vendues comme pâtes d’Italie dans toute la France, en Suisse, même en Piémont, des fromages dits de Gruyère et du Mont-d’Or, celle aussi des liqueurs fines. On compte douze grandes maisons de commerce de liqueurs et quinze brasseries de premier ordre.