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nis d’une force de 8,000 chevaux, y suffisaient à peine ; la flotte fluviale est descendue à 23 navires depuis qu’aux moyens de communication naturels l’établissement des chemins de fer en a substitué de plus puissans. Lyon en possède, après Paris, le principal réseau. Les lignes de la Bourgogne, du Bourbonnais, du Dauphiné, de la Savoie, de la Suisse et de l’Alsace y convergent déjà. Bordeaux, le midi et le sud-ouest vont se rattacher à la branche qui s’établit à la droite du Rhône parallèlement à la voie de la rive gauche. Dans l’intérieur de la ville, cinq gares, à Vaise, Perrache, les Brotteaux, la Guillotière et Saint-Clair, sont placées sur la courbe qui l’enveloppe du nord à l’est et au sud. Lorsque le gouvernement dut revendiquer l’initiative et la direction de la construction des chemins de fer, on voulait, à côté du grand système qui prenait la capitale pour le centre des lignes de premier ordre, créer d’autres réseaux secondaires dont les principales villes seraient le centre à leur tour, et qui composeraient un ensemble complet, non séparé, mais distinct du grand tout. Lyon est la seule ville où ce plan soit entièrement exécuté. La puissante compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerranée, dont la concession embrasse toutes les lignes aboutissant à Lyon et porte sur 5,781 kilomètres, a bien son siège à Paris ; mais Lyon est véritablement le milieu d’un réseau qui garde une place à part dans l’ensemble de nos chemins de fer français[1]. Elle seule aussi possède un chemin de fer purement urbain, destiné à relier un des faubourgs de la ville avec le centre et mis par la modicité de son tarif à l’usage particulier des ouvriers : c’est le chemin de la Croix-Rousse. Un service d’omnibus à vapeur a été, on le sait, installé sur la Saône dans le parcours de Lyon et rappelle seul en France les steamers de la Tamise à Londres.

Si la multiplicité de tant de moyens de transport témoigne à Lyon du génie commercial des hommes, le signe infaillible de la destinée que la nature leur a préparée se trouve dans la prodigalité avec laquelle la houille, ce grand moteur de l’industrie moderne, leur a été départie. Des trois groupes carbonifères qui existent en France, celui du centre est le plus riche, et dans ce groupe le bassin de la Loire l’emporte de beaucoup sur tous les autres. Alors que l’extraction de la houille s’est élevée de 250,000

  1. Trois chiffres donneront l’idée du mouvement créé par ces nouvelles voies de communication. En 1863, le nombre des voyageurs transportés sur la partie exploitée des chemins de Lyon dépasse 11 millions 1/2, celui des tonnes de marchandises 6 millions. Les recettes se sont élevées à plus de 140 millions de francs. Dans les gares de Lyon, le nombre des voyageurs partis et arrivés montait à 2,953,000, et le trafic des marchandises, sans y comprendre le transit, à plus de 1,200,000 tonnes.