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L’EPREUVE

RICHARD FEVEREL

DERNIÈRE PARTIE (1).

XI.

Malgré tout ce que Richard avait pu dire à Ripton Thompson pour le rassurer, le futur avocat n’arriva point sans de terribles anxiétés chez sir Austin Feverel ; mais, comme son ami le lui avait annoncé, il fut reçu, nonobstant la fâcheuse nouvelle dont il était porteur, avec la plus parfaite et la plus sereine courtoisie. Sir Austin aurait cru ravaler sa dignité philosophique et faire tort à sa réputation de sagesse en manifestant le moindre trouble ou en laissant percer le moindre désappointement.

— Vous voyez, Emmeline, dit-il simplement à lady Blandish après que le désastreux messager se fut retiré dans sa chambre, vous voyez qu’il est inutile de prendre un être humain pour base d’un système quelconque Remarque essentiellement philosophique pour un homme qui voyait crouler devant lui le résultat de vingt années de travail ! Elle disait assez où le coup avait porté. Richard n’était plus le Richard sorti des mains de son père, l’orgueil et la joie de sir Austin ; c’était tout simplement un « être humain » comme le premier venu , comme ce Ripton par exemple , que le baronnet se reprochait d’avoir tenu en trop grand mépris, et dont la vulgarité

(1) Voyez la Revue du 15 avril et du 1" mai.