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blancs « au matin du sabbat, » était déposée à quelques pas plus loin, brisée en deux.

Au sortir de la chapelle du sépulcre et à l’orient, on entrait dans un préau quadrangulaire, long et large de vingt pas ou d’un jet de pierre et pavé d’une riche mosaïque. Un grand portique l’enfermait dans son pourtour, excepté du côté de l’orient, où il attenait au chevet de l’église de la Croix. Cet atrium carré s’appelait le Calvaire, et aussi le Jardin, parce qu’il était un reste des jardins qui séparaient, suivant le récit de saint Jean, le Calvaire du sépulcre du Christ. On y montrait une énorme roche fendue comme avec un coin : c’était, disait-on, la roche dans laquelle la croix avait été implantée. Cette division de la basilique devait au souvenir particulier qu’elle consacrait la dénomination de Golgotha. Elle était assez spacieuse pour que les fidèles pussent s’y rassembler en nombre et les évêques y tenir leurs catéchèses.

Venait ensuite à l’orient de l’atrium une église bien plus vaste que celle du sépulcre et construite au lieu même de l’invention de la croix : aussi en portait-elle le nom. Si les ordres de Constantin et les soins de la pieuse Hélène ne restèrent point sans effet, ce monument dut être le plus beau du monde chrétien. Constantin le voulait ainsi et n’avait rien négligé pour que son désir fût accompli : choix des marbres et même des simples pierres, couverture, dessin de l’intérieur, il avait tout prévu, tout ordonné avec une libéralité sans réserve. Ce que nous en savons, c’est que l’édifice se terminait à l’abside par une rotonde de douze colonnes de marbre surmontées d’énormes vases en argent ciselé, que la nef, également formée de colonnes de marbre, soutenait un plancher peint et doré qui représentait le firmament, et que la couverture était de plomb. A l’extérieur, la pierre des murs était d’un grain fin et poli qui rivalisait avec le marbre. Deux lignes de portiques accompagnaient les faces latérales. Les portes d’entrée, au nombre de trois, donnaient sur un second préau entouré de galeries comme le premier, et débouchant sur le principal marché de la ville. Une église souterraine, construite sous le pavé de celle-ci, en reproduisait les divisions et s’étendait jusque sous les portiques extérieurs.

C’est dans le sol de cette crypte qu’avait eu lieu, sous la recherche de l’impératrice Hélène, l’invention de la croix ; c’est là aussi qu’on la gardait. Le bois en était bien diminué depuis le jour où cette mère croyante et aimante en faisait renfermer la moitié dans la statue de son fils, au haut d’une colonne de porphyre dominant Constantinople, afin qu’elle y fût un palladium pour la ville et pour l’empereur ; depuis le jour aussi où elle faisait jeter un des clous de la croix dans l’Adriatique pour en calmer à jamais les tem-