Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 57.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE
DE LA RESTAURATION

 :Histoire du Gouvernement Parlementaire, par M. Duvergier de Hauranne. Tome VI, 1864.

On a quelquefois interdit d’écrire l’histoire contemporaine. L’entreprise est en effet hasardeuse et le succès incertain. D’abord l’impartialité est difficile à celui qui a pris une part quelconque aux événemens qu’il raconte, et plus cette part a été considérable, plus il lui faut d’efforts de conscience et de volonté pour s’élever au-dessus des intérêts de son parti ou de son amour-propre, pour oublier ses ressentimens, dominer ses affections, soumettre au libre examen ses convictions les plus chères ; mais, outre l’impartialité, deux devoirs sont malaisés et importans à remplir : c’est la franchise et la sévérité. Tout dire et tout juger est pénible en présence des individus et des générations qui ont figuré sur la scène. On peut, avec quelque empire sur soi-même, quelque sérieux souci de la vérité, échapper aux séductions de l’esprit de parti, aux illusions des souvenirs ; mais pomment trouver assez de courage et d’adresse pour exprimer sans offense ou sans cruauté la vérité qui naît de l’étude des faits et prendre sur ces faits les conclusions de l’histoire ? Cependant cette difficulté, la première de toutes, cesse d’être insurmontable, s’il s’est écoulé assez d’années pour que les passions aient perdu leur âpreté sans que les souvenirs aient perdu toute leur vivacité. Celui qui possède les qualités indispensables de l’historien, savoir la probité et le jugement, peut alors entrepren-