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belle, de même que Miledgville, la capitale de la Géorgie. Ce ne fut qu’à quatre-vingts milles d’Atlanta et à quelques milles de Maçon que la cavalerie, précédant l’aile droite, rencontra la cavalerie ennemie, soutenue par quelques régimens de milice ; mais l’ennemi fut aisément défait, avec l’assistance de la brigade Walcott, du 15e corps d’armée. Cette escarmouche, ainsi qu’une autre de même nature près de la rivière Ogeechee, fut la seule résistance que rencontra l’armée unioniste jusqu’à son arrivée aux défenses extérieures de Savannah.

Macon, que l’ennemi, tremblant pour sa sécurité, avait mis en état de défense, fut dédaigné par Sherman, qui, pour déguiser davantage son projet d’atteindre Savannah, chargea la cavalerie de faire une démonstration contre Augusta. En même temps les colonnes furent rassemblées, et le gros de l’armée descendit rapidement l’étroite péninsule formée par les rivières Savannah et Ogeechee. Aux approches de Savannah, une colonne fut envoyée pour détruire le chemin de fer qui se dirigeait sur Charleston, pendant que l’autre colonne s’avançait contre le fort Mac-Allister, commandant l’Ogeechee, le seul obstacle qui empêchât de communiquer avec l’escadre de l’amiral Dahlgreen.

Les forces réunies dans Savannah, et s’élevant au chiffre de douze mille hommes environ, étaient placées sous le commandement du général Hardee. Suffisantes pour repousser toute attaque contre les défenses de la place, elles étaient trop considérables pour pouvoir y subsister. Sherman prit ses dispositions pour aplanir l’obstacle qui s’élevait entre lui et l’escadre, et l’empêchait de serrer la main à l’amiral Dahlgreen. Le 15 décembre, le général Hood avait perdu une bataille devant Nashville ; mais le général Hardee préféra ne pas courir les chances d’un combat hors de Savannah. La division Hezen, ayant traversé la rivière, attaqua le fort avec fureur ; Hardee, jugeant inutile de prolonger la résistance, abandonna bientôt Savannah à sa destinée, et Sherman put saluer la mer avec un enthousiasme que l’on comprendra sans peine. Les confédérés laissaient dans Savannah bon nombre de canons et, ce qui était plus précieux, de grandes quantités de coton. Il serait impossible de donner quelque idée de la joie produite dans le nord par le succès de cette expédition, qui ne contribua pas médiocrement à décourager les populations du sud.

La marche de Sherman était maintenant toute tracée. Il se dirigeait vers l’est, vers Charleston et Wilmington, pour arriver plus tard sur Richmond. La destruction de quelques lignes de chemins de fer dans l’intérieur de la Caroline du sud suffit pour livrer à Sherman Charleston, le berceau de la rébellion. La défaite du général Hood par le général Thomas permit en même temps à ce dernier de détacher un corps (sous Scofield), qui fut promptement expédié sur les côtes de la Caroline du nord, pour opérer avec le corps d’armée du général Terry. Avant que le général Scofield fût arrivé au rendez-vous, le général Terry s’était emparé, avec l’aide de la