Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 57.djvu/1008

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

points diamétralement opposés, Hood poussant au nord, vers Chatanooga, Sherman s’avançant davantage vers le sud. Si le général Sherman, indifférent quant aux projets de son adversaire sur ses lignes de communication, était décidé à poursuivre ses succès, il devait naturellement se diriger soit vers l’est, sur le chemin de fer d’Atlanta à Charleston, soit directement vers le sud, en suivant la ligne de Macon à Savannah. Chacune de ces routes l’eût rapproché de la mer, de manière à le mettre en communication avec la flotte qui maintenait le blocus de Charleston. Un mouvement sur Macon et Savannah, ou sur Augusta et Charleston, exigeait également une marche de trois cents milles. La route par Augusta se recommandait toutefois comme atteignant plus directement les communications avec Richmond. Quant au général Hood, son but, ainsi qu’il fut démontré plus tard, était la prise de Nashville, projet qui nécessitait également une marche de trois cents milles. Les conditions entre les deux généraux étaient donc égales relativement à la distance à parcourir ; mais sous d’autres rapports elles différaient complètement, ainsi qu’on le verra par la suite.

Le général Hood, avec une armée d’environ 45,000 hommes d’infanterie, commença d’opérer sur les flancs de Sherman vers le 20 septembre, repassa le Chattahochee, brûlant les ponts derrière lui, puis, tournant sur la droite, marcha vers le chemin de fer, qu’il détruisit à mesure qu’il s’avançait vers le nord. Pendant ce temps, la cavalerie rebelle de Forrest traversait le Tennessee en-deçà de Chatanooga, dans l’intention de démolir la branche du chemin de fer joignant Nashville à Alabama, ainsi que la ligne directe entre Nashville et Chatanooga. Les lignes de communication des forces unionistes furent ainsi sérieusement menacées, quoiqu’un danger imminent fût évité, grâce à la circonspection et au talent militaire du commandant fédéral, qui avait établi sur le parcours du chemin de fer plusieurs points d’appui et y avait amassé de nombreux matériaux de guerre.

La place d’armes la plus proche d’Atlanta était le défilé d’Altoona, que le général Hood tenta d’emporter durant sa marche (5 octobre) ; mais, quoiqu’il n’y eût dans cette place qu’une faible garnison de 2,000 hommes sous le général Corse, les attaques de l’ennemi furent repoussées. Laissant Altoona par derrière, Hood tenta d’occuper Resaca. Cette fois encore il échoua. Pendant ce temps, Sherman, ayant réparé le chemin de fer et construit de nouveaux ponts, mit. en mouvement le gros de son armée, laissant un seul corps à Atlanta, et bientôt il attaquait les derrières de son adversaire. Dans ces circonstances, le général Hood fut obligé d’abandonner le chemin de fer et de changer de direction sur la gauche. Il s’avança donc vers le nord, cherchant évidemment à s’approcher des rives du Tennessee et à opérer sa jonction avec le général Forrest, qui était à cette époque tenu en échec par la cavalerie unioniste, sous les ordres du général Rousseau.