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LA
CAMPAGNE DE GEORGIE
ET
LA FIN DE LA GUERRE AMERICAINE[1]

Le trait caractéristique du plan d’opérations arrêté par les généraux unionistes pour la campagne de 1864 aux États-Unis fut la concentration de deux vastes armées fédérales qui devaient toutes les deux prendre l’offensive. L’une, sous le commandement immédiat du lieutenant-général Grant, fut assemblée sur le Rapidan, en Virginie : elle devait s’emparer de Richmond. L’autre, prenant le nom de « grande division du Mississipi, » se concentra sur les rives du Cumberland et du Tennessee : elle faisait face au sud, c’est-à-dire à la Géorgie. Le commandement supérieur de cette armée, qui avait été placée antérieurement sous les ordres des généraux Thomas, Scofield et Mac-Pherson, fut confié au général Sherman.

La position géographique de la Géorgie, le rôle important que joua cet état lors du mouvement séparatiste, son système développé de chemins de fer, ses richesses ainsi que le chiffre de sa population noire, tout indiquait comme essentiellement utile un mouvement dans cette direction. Les forces disponibles pour tenter cet essai étaient suffisantes, et une seule

  1. La campagne du général Sherman en Géorgie n'a pas été seulement un des épisodes les plus remarquables de la guerre américaine, elle a eu sur la marche des événemens militaires dans cette dernière période une action décisive. À ce titre, un récit de cette campagne mérite encore de fixer l'attention, même après le dénoûment de la guerre, surtout lorsqu'il émane d'un officier d'état-major du général Grant, qui était sur le théâtre des opérations qu'il racontre, et qui a même été blessé dans les derniers combats livrés devant Pétersburg.