Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 56.djvu/953

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
KABYLES DU DJURDJURA

II.
LA SOCIETE KABYLE DEPUIS LA CONQUÊTE. - LA PACIFICATION[1].


I

« Les Français sont un grand peuple ; ils sont montés là-haut ! » C’est le mot que répétaient pendant la campagne de 1857 les Kabyles de la vallée en regardant nos tentes sur les cimes du Djurdjura ; mais il ne suffisait pas que le drapeau y fût monté : il fallait, pour fonder une conquête sérieuse et durable, qu’il n’en descendît plus. L’inviolabilité du Djurdjura détruite, la montagne parcourue en tous sens par nos colonnes, ce n’était pas assez. Si les Kabyles nous avaient vus évacuer leurs crêtes, ils se fussent imaginé que nous n’osions pas nous fixer au cœur de leurs positions ; les promesses de fidélité s’oubliaient bientôt sous les velléités renaissantes de liberté et de vengeance, le sillon tracé par notre marche se refermait, l’œuvre restait à refaire. C’est une vraie gloire pour l’expédition de 1857 d’avoir posé, dès le principe, les bases fermes d’une occupation permanente, d’avoir employé trente mille soldats non pas seulement comme des instrumens de victoire, mais comme des pionniers ouvrant le chemin de la paix, d’avoir en un mot mené de front la force qui conquiert et les. moyens qui conservent. Il n’entre pas dans notre plan de suivre les phases militaires de

  1. Voyez la Revue du 1er avril.