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procédé général nous paraît bon. L’astronomie n’est représentée dans le volume de cette année que par un article de M. Guillemin sur l’histoire des nébuleuses. Bien que l’astronomie soit une science qui ne chôme jamais et qu’elle ait dans les deux hémisphères des lunettes incessamment braquées vers le ciel, nous nous résignons facilement à attendre un nouvel annuaire pour être renseigné sur les trois comètes et les trois planètes nouvelles qu’a vues l’année 1864. Les planètes qu’on découvre maintenant n’offrent plus qu’un médiocre intérêt. « Les planètes ! il en pleut depuis qu’on les paie ! » disait Auguste Comte, faisant ainsi allusion à la découverte d’un astre de gros calibre qui, trouvé à propos, avait fait rapidement la fortune scientifique d’un savant. — M. Dehérain consacre à la querelle des générations spontanées un article sage, éclectique, dont les conclusions sont incontestables : la question n’est pas près d’être résolue, si, comme le veulent de part et d’autre quelques esprits passionnés, le problème à trancher est celui de l’origine de la vie sur la terre ; mais cette discussion nous a déjà donné et nous donnera encore une foule de connaissances nouvelles sur la vie des êtres inférieurs, ce sera le résultat le plus certain. — Les leçons de M. Claude Bernard sur les poisons végétaux sont analysées dans leur ensemble. — L’histoire des voyages entrepris pour la découverte des sources du Nil est résumée dans un article intéressant. — Nous nous arrêterons de préférence à un travail de M. Dehérain sur la chaleur solaire et à un article de M. Reitop sur les systèmes de montagnes. Les cadres en sont heureusement tracés, et les auteurs y font entrer sans confusion un grand nombre de notions utiles et de faits nouveaux.

Tous les phénomènes de mouvement et de vie qui se produisent à la surface de notre planète peuvent être rapportés à la chaleur solaire : elle est l’origine des vents, des grands courans réguliers qui s’établissent dans notre atmosphère, comme des courans accidentels qui viennent la troubler. C’est la chaleur solaire qui pompe l’eau des mers, la charrie à l’état de vapeur dans les régions atmosphériques, la distribue en pluies, la condense sur les montagnes en neiges ou en glaciers, puis la résout en rivière, et en fleuves. C’est aux dépens de la chaleur solaire que se produit toute la vie végétale, s’il est vrai que les végétaux vivent en décomposant l’acide carbonique, car cette décomposition demande de la chaleur que le soleil seul peut fournir. Cette action du soleil se trouve dès lors comme emmagasinée dans le végétal. Nous la retrouvons quand nous employons celui-ci soit comme combustible, soit comme aliment. Toute nutrition provient d’ailleurs, en fin de compte, d’élémens végétaux ; c’est donc à la chaleur solaire que se rapporte ainsi l’entretien de la vie animale. C’est elle qui, par l’alimentation et la respiration, fournit à nos muscles la chaleur qu’ils transforment en mouvement et en travail. Cette esquisse générale se prête aux développemens les plus variés. M. Dehérain y introduit facilement la théorie des vents alizés, celle des grands courans d’ouest qui nous viennent de l’Atlantique, les récens travaux de M. Tyndall sur le pouvoir absorbant