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du sol. C’est aussi du IIe siècle que daterait l’admirable mosaïque découverte à Nennig, dans les ruines d’une villa romaine, magnifique demeure de quelque sénateur trévirois. Cette mosaïque est l’une des plus remarquables qui existent, la plus belle certainement qui ait été trouvée de ce côté-ci des Alpes. La composition en est heureuse et d’un grand effet décoratif, la couleur a une franchise et une hardiesse rares. Au IVe siècle, l’élégance est remplacée par la richesse. Sous Valentinien et Gratien, aux fresques succède partout un étalage de matériaux précieux ; les murs des maisons et des édifices publics se recouvrent de marbre et de porphyre. Par-dessus tous ces débris s’étendent aujourd’hui d’épaisses couches de cendres, monument du passage des Francs et de tant de cruelles et successives dévastations. Enfin çà et là se découvrent les traces des restaurations franques, des maladroits efforts tentés par quelques grands personnages du VIe et du VIIe siècle pour copier le luxe de la civilisation romaine, des peintures à la détrempe essaient d’imiter sur les murailles les veines du cipollino ou les capricieux dessins de la brèche africaine.

Mais ce que possède surtout M. Wilmosky, c’est l’histoire architecturale du Dom. Il a dirigé, comme architecte, la dernière restauration, qui a duré, si je ne me trompe, dix ans, et qui a été terminée en 1844. Pendant tout ce temps, il a fouillé le sol de la cathédrale, il en a interrogé les murs et sondé les énormes piliers ; il a pu, grâce à sa situation exceptionnelle et à cette étude incessante et passionnée, déterminer à quel siècle appartenait chaque partie de l’édifice et distinguer, dans ces massifs épais, les contours et l’étendue de la basilique primitive. Dans son ardeur de recherches, il a dégagé peu à peu la vieille basilique de tout ce qui la cachait aux regards. Seul M. Wilmosky sait où commence et où finit l’antique construction, et il lui déplaît de découvrir aux profanes ce qu’il a eu tant de peine à trouver ; mais qu’il reconnaisse en vous un frère en archéologie, quelqu’un d’initié à ces études et qui admirera, au lieu d’en sourire, une si sincère passion, il vous fera les honneurs de sa cathédrale et de ses beaux et fidèles dessins ; vous y trouverez toutes ces parties de l’église d’Agritius que la marche des travaux a mises à joui, pour un temps, et que les exigences de la restauration ont conduit ensuite à recouvrir et à cacher de nouveau.

Le bâtiment converti en église sous Constantin paraît à M. Wilmosky avoir été une basilique ; il a retrouvé des restes du tribunal qui en occupait une des extrémités. Cette nef aurait été agrandie quand la destination de l’édifice fut changée. Les travaux terminés, la première cathédrale de Trèves aurait formé une vaste salle carrée