Page:Revue des Deux Mondes - 1865 - tome 56.djvu/721

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Trevirense, cet édifice est sous les Francs la résidence du gouverneur de la ville ou du roi. Plus tard, ce sont les archevêques qui s’y établissent et s’y fortifient, à l’abri de ces épaisses murailles romaines. Quand les temps furent plus tranquilles, ils en abattent une partie pour se mettre plus à l’aise et pour élargir leurs appartemens. Pendant l’occupation française, ce fut une caserne. Malgré les grands travaux exécutés par la Prusse, la basilique n’est pas encore détachée complètement des lourdes constructions où l’avaient englobée les électeurs de Trèves. L’administration qui a commencé cette œuvre de réparation devrait tenir à honneur de l’achever, fût-ce même aux dépens de la caserne qui occupe encore le palais des électeurs ; mais le gouvernement prussien d’aujourd’hui poussera-t-il l’amour de l’archéologie jusqu’à risquer de démolir une caserne pour restaurer une basilique ?

On a pris, disions-nous plus haut, la basilique pour un bain ; c’est évidemment là une erreur qui ne soutient pas l’examen. Ce qui a causé cette méprise, c’est un fait réel, mais d’abord mal expliqué. Au pied et en dehors du mur occidental, on a trouvé un grand fourneau d’où partaient des conduits se dirigeant vers l’intérieur de l’édifice. Après réflexion, on a reconnu qu’à ce détail près, l’édifice ne présentait aucune des dispositions qui conviennent à des thermes. On a donc vu là un simple calorifère destiné à chauffer, l’hiver, la haute et large salle où juges, plaideurs et curieux avaient souvent à rester immobiles pendant de longues heures. Pénétrant dans l’épaisseur des murs, courant sous le dallage, des tuyaux d’argile versaient, par de nombreuses bouches, l’air chaud dans la vaste nef. C’est d’hier seulement que nous avons commencé à chauffer nos églises, nos tribunaux, tous nos grands édifices publics : à vrai dire, nous avons bien moins inventé que nous n’aimons à nous le figurer et à le dire. Cet art, ce procédé, vous croyez l’avoir découvert le premier ; prenez la peine de chercher dans cette riche succession que l’antiquité a léguée au moyen âge, succession que cet insouciant et incapable héritier n’a pas su gérer et exploiter, qu’il n’a même pas eu soin d’inventorier au moment où il la recevait : souvent, parmi tant d’objets précieux qu’a laissé s’accumuler en désordre et se détériorer lentement une triste incurie, parmi tant de trésors, qui sont devenus des débris et des rebuts, vous rencontrerez tout d’un coup ce que vous croyiez le plus moderne, le plus nouveau, le plus complétement inédit.

Un de ces secrets d’autrefois que nous venons de retrouver, c’est l’usage ordinaire et fréquent des bains chauds. Sans l’ordre exprès du médecin, dans nos campagnes, un paysan ne songerait jamais à prendre un bain ; dans nos villes, c’est à peine si, grâce aux efforts de l’assistance publique et de la charité privée, l’habitude de ces