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LES ANTIQUITES
ET
LES FOUILLES D’ÉGYPTE


Sur le Nil, d’Assouan au Caire, décembre 1864.

J’ai vu l’Égypte, et je peux vous dire mon impression d’ensemble sur cet étrange pays. Mon voyage dans la Haute-Égypte, en compagnie de M. Mariette, n’a fait que confirmer les vues que je m’étais formées tout d’abord lors de ma première course à Sakkara et aux pyramides. La solidité parfaite de l’histoire d’Égypte est pour moi une chose démontrée. J’avais quelques hésitations : je craignais que l’on ne donnât la valeur de dates absolues à des séries toutes relatives, qu’on n’étendît démesurément les origines et qu’on ne prit pour historiques des données fabuleuses. La vue des monumens, Hérodote et Manêthon lus sur place, par-dessus tout les entretiens de M. Mariette[1], ont dissipé mes doutes. Je crois voir maintenant la suite de cette histoire avec une grande clarté.

Les synchronismes certains entre l’histoire égyptienne d’un côté, les histoires grecque, perse, assyrienne, hébraïque de l’autre, se continuent jusqu’au Xe siècle avant Jésus-Christ. Au VIe siècle avant Jésus-Christ, la chronologie égyptienne se suit à un ou deux ans près. La conquête de Cambyse, qu’on plaçait autrefois en 525, est déterminée maintenant à l’an 527 par une stèle du Sérapéum découverte par M. Mariette. Les épitaphes des Apis, trouvées dans le même Sérapéum, ont permis de calculer l’avènement de Psammétique Ier

  1. On sait que M. Mariette, après avoir commencé ses fouilles en 1850 avec une mission du gouvernement français, les continue depuis 1858 pour le gouvernement égyptien. Le précieux musée de Boulaq, près du Caire, est un des. résultats de ces fouilles.