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seizième de tour. Cette seconde tige reçoit le mouvement d’une merveille de mécanique, d’une seconde machine à air comprimé, mais d’une machine en miniature qu’on pourrait tenir dans la main, reproduisant exactement sur une échelle infiniment petite le jeu de la machine à vapeur. Le bout de la tige, plongeant dans ce petit bijou et s’y arrondissant en piston, y reçoit de l’air comprimé un mouvement rectiligne aisément transformé en mouvement circulaire au moyen d’un excentrique, d’une roue à rochet et de ce doigt de fer. Enfin l’appareil perforateur se pousse en avant de lui-même par un ressort établi derrière le corps de pompe. Quand le trou de mine s’est approfondi de 20 centimètres, le manche du fleuret, muni d’un bourrelet, frappe sur un bouton, détache une griffe accrochée à la dent d’une crémaillère qui empêche le jeu du ressort, et celui-ci, délivré de l’obstacle, se détend et pousse en avant l’appareil jusqu’à ce que la griffe rencontre une nouvelle dent.

Telle est la machine qui applique l’air comprimé à la perforation. Une seule perforatrice fait le travail de vingt ouvriers robustes, et se range facilement contre une attaque où deux ouvriers ne pourraient pas travailler ensemble, avantage immense si l’on considère que la percée se poursuit sur une superficie de 7 mètres carrés. La première idée de ce merveilleux engin est entrée dans l’esprit de M. Sommeiller à la vue du perforateur à vapeur de Bartlett; mais, comme on le sait, l’instrument de l’ingénieur anglais est sorti de ses mains radicalement transformé, et chaque jour encore son génie infatigable l’améliore, le simplifie, et le rend plus maniable et plus efficace. On peut ranger commodément neuf perforatrices du volume actuel contre le fond de la galerie. Ces machines sont portées par l’affût que l’on vient de voir à l’œuvre. Un affût monté de neuf perforatrices exige un poste de trente-neuf ouvriers et manœuvres. La série des opérations comprises entre l’attaque de la roche et l’enlèvement des débris de l’explosion forme ce qu’on appelle une reprise. La reprise s’accomplit en trois mouvemens, le percement des trous, la charge et l’explosion des mines, et l’enlèvement des déblais. En six heures, le front de la roche est criblé de quatre-vingt-dix à cent trous de 90 centimètres de profondeur, de à et 9 centimètres de diamètre, les plus grands au milieu et les plus petits à la circonférence. Ce travail terminé, l’affût se retire avec tout son cortège à 100 mètres de distance, derrière une porte à deux battans mobiles, et l’escouade des mineurs prend possession du fond de la galerie. Ils font sauter d’abord les mines du centre pour y produire la brèche de dégagement, et ensuite les autres par pelotons de huit à la fois. A chaque explosion, ils se replient sur