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que toujours plus élevé à New-York qu’à Paris; il est monté en 1837 jusqu’à 32 pour 100, en 1839 jusqu’à 36 pour 100, en 1847 et 1848 à 18 pour 100, et en 1857 de nouveau à 36 pour 100. Les chiffres de 10, 12 et 15 pour 100 s’y reproduisent fréquemment. La pluralité des banques restreint aussi le chiffre de l’émission : à New-York, ce chiffre ne représente même pas le quart de l’encaisse métallique, tant les rudes échecs subis dans le passé ont mis en suspicion la faculté de créer la monnaie fiduciaire.

Ainsi les exemples tirés soit de l’histoire de la Banque de France, soit des institutions de crédit étrangères, ne concluent en rien contre le principe de l’unité des banques. Il reste à voir si les adversaires de ce principe peuvent tirer de meilleurs argumens des réformes aujourd’hui proposées.


II.

On reproche à la Banque de France d’avoir immobilisé son capital en rentes; il suffirait, ajoute-t-on, de le rendre disponible pour affranchir le commerce des lourdes charges qu’entraîne l’élévation de l’escompte et pour maintenir le taux invariable de 4 pour 100. L’accroissement facile de la réserve métallique permettrait d’accroître le capital fiduciaire du pays en provoquant une plus large circulation de billets. La Banque serait en position d’augmenter les avances sur les fonds publics et sur les valeurs diverses, ou bien on établirait à côté d’elle une institution distincte chargée de cet office, et dotée également du privilège de battre monnaie avec du papier. Alors le crédit serait organisé, car le commerce obtiendrait l’escompte à taux réduit, et tout détenteur d’un titre de placement pourrait le mobiliser à volonté.

De pareilles visées reposent sur une double illusion et créent un double danger; elles se rattachent à des idées erronées sur la nature de la monnaie et sur le service des billets. Remarquons-le de prime-abord, ce n’est pas la Banque qui a immobilisé une portion notable de son capital, c’est la loi qui a voulu constituer ainsi un fonds permanent de garantie, en imposant à cette institution un prêt à des conditions onéreuses pour elle. 100 millions ont été versés au trésor; ils se trouvent représentés par des titres de rente 3 pour 100 au taux de 75 francs et subissent en ce moment une dépréciation d’environ 11 millions, dépréciation supérieure de moitié au bénéfice de la réserve spéciale formée par la perception accidentelle d’un taux d’intérêt de plus de 6 pour 100.

Ce n’est là qu’un détail : étudions le principe, examinons-en les conséquences. — On demande que le capital de la Banque devienne disponible : est-ce que le placement en rentes, exonéré de la con-