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l’essor des affaires et la tâche agrandie de l’institution qui demeure le pivot principal du crédit. En réunissant les escomptes de la Banque de France à ceux des succursales et des banques départementales, le maximum obtenu avant 1848 ne montait qu’à 2 milliards 659 millions. Ce chiffre s’était réduit à 1 milliard 25 millions en 1849 pour la Banque de France, désormais appelée seule à pourvoir aux besoins du pays. Un mouvement progressif a porté le total des escomptes à 1 milliard 824 millions en 1852, à 2 milliards 949 millions en 1854, puis à 3 milliards 762 millions en 1855. L’année 1856 a donné à milliards 674 millions, et l’année 1857 le chiffre énorme de 5 milliards 645 millions. Ce chiffre descendit subitement à 4 milliards 179 millions en 1858 pour se relever à 4 milliards 711 millions en 1859, et monter à 4 milliards 969 millions en 1860. Depuis cette époque, la somme des escomptes n’a cessé de grandir. Après être montée à 5 milliards 326 millions en 1861, à 5 milliards 429 millions en 1862, à 5 milliards 688 millions en 1863, elle vient d’atteindre en 1864 le total prodigieux de 6 milliards 550 millions !

C’est aux époques de crise, alors que le taux de l’intérêt s’élève, que les escomptes de la Banque deviennent le plus considérables. Il en a été ainsi pendant les années dont la date restera dans l’histoire des tempêtes commerciales, en 1847, en 1857 et en 1864. Les escomptes de la Banque et de ses succursales, qui n’avaient guère dépassé 1 milliard jusqu’en 1844, s’élevèrent jusqu’à 1 milliard 808 millions en 1847, alors que l’intérêt avait été pour la première fois porté et maintenu à 5 pour 100 ; ce fut le point culminant avant la révolution de février. L’apogée a été atteint depuis avec des chiffres bien autrement considérables : en 1857, le total des escomptes était de 5 milliards 645 millions à un intérêt moyen de 6 fr. 25 c, et en 1864 de 6 milliards 550 millions à un intérêt moyen de 6 fr. 50 cent. Le motif en est bien simple : dans le cours ordinaire des choses, la Banque de France a des auxiliaires qui contribuent avec elle à la négociation du papier de commerce ; leur nombre diminue et leurs ressources se restreignent dans les momens difficiles. C’est à la Banque qu’il faut alors avoir recours ; elle devient pour le commerce une véritable ancre de salut, surtout si l’ordre, la sagesse et la prévoyance de ses opérations ont su gagner la confiance générale. Il lui est impossible d’empêcher que l’argent ne devienne cher quand la rareté de cette marchandise en accroît le prix ; au moins elle empêche les désastres en ouvrant un refuge aux engagemens sérieux. Ce qui se trouve frappé, c’est l’esprit désordonné de spéculation, cause première du mal. La Banque est ainsi récompensée de sa bonne tenue et de sa prudence ; elle a les reins assez forts