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sence du capital même de la Banque, pour lequel il constitue un bénéfice annuel d’environ demi pour cent.

Ce n’est pas tout : quand la Banque serre fortement l’écrou de l’escompte, elle renonce à percevoir 6 pour 100 sur la portion des affaires dont l’essor diminue. Elle se résigne à une perte réelle que le bénéfice d’un excédant apparent et non partageable est loin de compenser ; elle le fait par devoir, dans l’intérêt de la sécurité de la circulation et dans l’intérêt même du commerce. Aussi la perception d’un taux supérieur à 6 pour 100, mesure temporaire de défense et de politique financière, n’a jamais eu pour mobile un calcul cupide de la part de la Banque ; elle n’a d’ailleurs imposé au commerce qu’une charge inférieure à sept millions en plus de sept années ; enfin, sans entrer dans la répartition des dividendes, elle a contribué à porter jusqu’au taux de 4 fr. 48 cent, la moyenne de l’intérêt perçu depuis 1858.

Cette augmentation d’environ demi pour cent sur le taux d’escompte, maintenu d’une manière fixe à 4 pour 100 pendant vingt-six ans, depuis 1820 jusqu’en 1846[1], correspond à un état de choses nouveau dont il importe de ne pas méconnaître l’effet. La demande des capitaux s’est accrue sous la puissante impulsion donnée à l’esprit d’entreprise, et l’emploi en est devenu plus productif. La France, repliée en quelque sorte sur elle-même à la première époque, étend aujourd’hui partout son activité et son influence. Elle construit des chemins de fer en Espagne, en Italie, en Autriche, en Russie, en Turquie ; elle verse des flots de numéraire dans les emprunts contractés par les puissances étrangères ; elle fonde au dehors de nombreux établissemens de crédit. Elle partage tout au moins avec l’Angleterre la force d’expansion qui appartenait jadis entièrement à cette dernière. C’est l’appât des gros profits qui dirige une partie de nos capitaux sur les places étrangères en diminuant chez nous l’offre et en augmentant les demandes. La Banque ne saurait établir, elle ne fait que constater

  1. Le taux moyen de l’escompte de la Banque a été de 6 pour 100 depuis l’an VIII jusqu’en 1806. Il est descendu à 5 fr. 53 c. depuis le 23 septembre jusqu’au 31 décembre de cette année, et à 4 fr. 60 c. en 1807, Le taux de 4 pour 100 s’est maintenu depuis 1808 jusqu’en 1813. Il a été de 4 fr. 75 c. en 1814 et de 5 pour 100 depuis 1815 jusqu’en 1820, année où il a baissé à 4 fr. 08 c. Depuis 1847, où la moyenne s’est élevée à 4 fr. 95 c, elle est descendue à 4 pour 100 pour 1848, 1849, 1850 et 1851, et à 3 fr. 17 c. pour 1852. Elle a été de 3 fr. 29 c. en 1853, — de 4 fr. 41 c. en 1854, — de 4 fr. 44 c. en 1855, — de 5 fr. 51 c. en 1856, — de 6 fr. 25 c. en 1857, — de 3 fr. 71 c. en 1858, — de 3 fr. 46 c. en 1859, — de 3 fr. 63 c. en 1860, — de 5 fr. 53 c. en 1861, — de 3 fr. 77 c. en 1862, — de 4 fr. 73 c. en 1863, — et de 6 fr. 50 c. en 1864. — Sur les sept années écoulées depuis 1857, on en compte quatre pendant lesquelles l’escompte a été au-dessous et trois pendant lesquelles il a été au-dessus de 4 pour 100.