Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 54.djvu/996

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jaunes dans plusieurs contrées de l’Asie ; mais c’est par les armes qu’il a fait ces conquêtes, c’est par la force qu’il les conserve. Chez ceux de ces peuples qui l’ont adopté définitivement, l’énergie violente qui l’anime est devenue le trait saillant des caractères, et ce qui est vrai des races blanches ou jaunes sémitisées par le mahométisme l’est à plus forte raison des peuples noirs. Le christianisme tient donc sa douceur naturelle de la race aryenne, où il s’est répandu, et non de ce qu’il y a en lui de sémitique ; l’intolérance qu’on lui prête quelquefois n’est pas dans le fond de ses dogmes ni dans son esprit, qui est un esprit de mansuétude. S’il a usé parfois d’intolérance, c’est son alliance avec le pouvoir temporel qui en a été la cause : l’étude sincère de l’histoire ne laisse aucun doute sur ce point.


II

La dualité d’origine qui s’aperçoit dans les dogmes chrétiens se trouve également dans les rites. L’histoire du rituel chrétien n’est pas faite ; la science à cet égard est loin d’être achevée. Tout ce qui a été écrit sur ce sujet avant la découverte du Vêda est insuffisant ; nous ne pouvons nous-même ici que donner des indications et tracer la voie que la science peut essayer de parcourir : le livre est à faire. La science doit nécessairement commencer par un tableau complet de ce qui se pratique aujourd’hui dans les églises, classer les rites, distinguer d’après les orthodoxies ceux qui sont accessoires de ceux qui sont fondamentaux, et ne donner d’aucun d’entre eux que l’interprétation authentique. On peut alors procéder à l’histoire du rituel. Cette histoire doit se faire comme celle des dogmes, en remontant les années : en effet, l’état présent des rites est un terrain solide sur lequel une science peut être fondée ; mais, si l’on descendait l’ordre des temps, il faudrait commencer par la partie de l’histoire la moins aisée à élucider, c’est-à-dire par les origines. Si les rites chrétiens procèdent de l’Évangile, les Évangiles eux-mêmes ne sont pas, quant aux rites qu’ils contiennent, des livres primitifs, puisqu’ils ont été précédés de tout le développement du rituel hébraïque. Il faudrait donc partir de la Genèse, qui répond à la période la plus obscure et en quelque sorte la plus mythologique du peuple hébreu. Ajoutez que tout indique aujourd’hui qu’une portion notable des rites chrétiens vient de sources qui ne sont ni hébraïques ni mêmes Sémitiques, de telle sorte qu’il faudrait poser tout d’abord comme certains des faits qui ne doivent au contraire se présenter que dans les dernières conclusions de la science. En remontant la suite des années, on opère des retranchemens successifs, on voit les rites se simplifier à mesure, que les derniers venus d’entre