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croissante que l’industrie minière se développe de plus en plus. Malgré les difficultés du terrain et l’imperfection des routes, des voitures publiques desservent une ou deux fois par jour ces centres de population. On travaille même avec activité au réseau de chemins de fer qui doit les relier entre elles, et les lignes déjà ouvertes, à la circulation de Melbourne à Ballarat par Geelong et de Melbourne à Sandhurst par Castlemaine prouvent que les colons savent appliquer à leurs propres besoins les richesses extraites d’un sol si fécond.

Le ravin de Bendigo, où la ville de Sandhurst a été construite, fut à son origine le plus merveilleux de tous les champs d’or de la Victoria. Dès la première année de sa découverte, 50,000 diggers s’y disputèrent la moindre parcelle de terrain ; aussi de la forêt primitive qui recouvrait le sol ne reste-t-il plus que quelques arbres à demi calcinés, et la terre, dévastée, creusée, retournée dans tous les sens, conserve les traces de tant d’efforts énergiques. En certains points, à White-Hills par exemple, on pourrait affirmer, sans trop courir le risque de se tromper, que la colline a été passée au crible tout entière. Dans cette région, le granit se montre fréquemment à la surface, et les filons quartzeux affleurent sur une grande étendue. Les alluvions modernes, qui étaient d’une richesse extrême, ont fait la fortune des premiers mineurs et occupent encore beaucoup d’ouvriers ; mais les compagnies qui disposent de capitaux suffisans se livrent de préférence au traitement des quartz aurifères par la méthode d’amalgamation dont il a été question plus chaut. Quoique le rendement de ces filons soit très irrégulier, les uns contenant beaucoup d’or et les autres n’en renfermant que des parcelles insignifiantes, une foule de sociétés par actions essayèrent de se former, il y a quelques années, en vue de les exploiter. On n’a pas besoin, comme à Ballarat, de creuser dès le début des puits très profonds, car le minerai se trouve d’abord à la surface ; mais il faut suivre les veines à mesure qu’elles s’enfoncent dans le sol. Souvent alors on est arrêté par les nappes d’eau qui envahissent les travaux, ou bien le filon, qui avait donné à son sommet une quantité d’or considérable, s’appauvrit rapidement et devient indigne d’être exploité. En outre il faut une machine à vapeur très puissante pour extraire le minerai et pour le broyer. Cette méthode exige donc une mise de fonds importante, ce qui, joint à une spéculation trop ardente au début de ce genre de travaux, avait jeté à une certaine époque une défaveur imméritée sur l’exploitation des quartz. Cependant quelques compagnies y ont déjà réalisé de beaux bénéfices, et leur situation ne peut que s’améliorer, car on leur concède en général une étendue de terrain assez vaste pour que leurs