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davantage, car, si nous n’obtenons davantage, l’Union reste un vain nom. Je demande davantage au nom de la justice et de l’humanité, et pour que cette épouvantable guerre ait sa justification dans l’histoire. La convention de Baltimore demande davantage, M. Lincoln demande davantage, le peuple américain demande davantage. » Le résultat de l’élection justifie l’assertion de M. Sumner : le peuple américain a choisi entre ceux qui veulent rétablir l’esclavage avec l’Union et ceux qui veulent l’Union sans l’esclavage.


II

On vient de voir dans quelles conditions la lutte électorale était engagée ; je voudrais maintenant essayer de raconter quelques-uns des épisodes de cette lutte pour faire mieux comprendre l’organisation des partis et le jeu des institutions démocratiques aux États-Unis.

J’étais arrivé trop tard pour être témoin de l’une des conventions générales des partis ; mais bientôt j’eus l’occasion d’assister à une convention d’état tenue dans le Massachusetts. Il est impossible d’avoir une idée exacte des institutions politiques des États-Unis, si l’on n’y étudie de près l’organisation des partis, et le système des conventions forme un élément essentiel de cette organisation. Ce système s’applique au gouvernement intérieur des états comme au gouvernement de la confédération, à l’administration des comtés, des districts et des communes comme à celle de l’état. On ne saurait mieux comparer l’organisme des partis américains qu’à celui d’un végétal : les réunions et les comités de la commune représentent la cellule élémentaire ; les conventions d’état, les fibres ; les conventions générales, le tronc. La comparaison est d’autant plus exacte que les comités primaires communaux forment la base de tout l’organisme politique, de même que la cellule est l’origine et la substance de tout l’édifice végétal. Le principe du self-government, apporté d’Angleterre aux États-Unis par les premiers colons, a sans cesse agrandi le cercle de son empire, mais il est toujours resté fixé à son centre primitif, qui est la commune. La vie politique circule incessamment de ce centre à la circonférence et de la circonférence au centre, et entretient sans cesse l’activité de ces grands corps qui se nomment les partis. Jamais cette puissante circulation n’est interrompue, mais elle devient naturellement plus rapide à l’approche des grandes crises politiques. Avant l’élection présidentielle, les membres de chaque parti s’assemblent dans toutes les communes et choisissent des délégués ; ceux-ci se réunissent dans leurs états et désignent des représentans pour la convention générale, qui publie son