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Chapon. Les kolpodes, à l’aide de leurs cils vibratiles, se meuvent en tous les sens avec vélocité, s’évitent ou se rencontrent, paraissent en quête continuelle, et souvent se réunissent en troupeaux serrés sur des masses de monades ou de vibrioniens qu’ils dévorent. Quand ils sont bien nourris et bien gros, on les voit s’arrêter, tourner sur eux-mêmes, sécréter, aux dépens de leur propre substance, une membrane sphérique qui les enveloppe, les enferme, et où ils se casent dans une immobilité complète, comme une chrysalide dans son cocon. Dans ce kyste, on voit bientôt apparaître des séparations de plus en plus accentuées qui divisent la masse en quatre, huit et même douze chambres, habitées chacune par un petit kolpode qui peu à peu se met à tourner, et bientôt toute la nichée s’échappe un à un par un trou qu’ils font dans l’enveloppe. On les voit grossir ensuite, et, quelques heures après, recommencer, chacun pour son compte, l’évolution à laquelle ils doivent leur naissance commune. Ce procédé de reproduction se nomme l’enkystement de multiplication. Les kolpodes ont encore à leur disposition une autre méthode que M. Gerbe vient de découvrir sous les yeux mêmes de M. Coste, et qu’il a bien voulu me faire observer avec lui. Deux kolpodes vieillis, provenant de nombreuses sous-divisions successives, maigris et transparens, se recherchent, se joignent par la face ventrale, se réunissent peu à peu et se collent en un seul. En cet état, ils se font un kyste commun, — kyste de copulation, — et gardent pendant quelque temps une immobilité absolue, pendant laquelle on voit des changemens progressifs intérieurs. Finalement quatre corps arrondis, quatre œufs, s’échappent de l’enveloppé. Les parens ont disparu, mais les œufs prennent peu à peu la forme de petits kolpodes qui succèdent au père et à la mère. Ehrenberg, qui fait autorité dans ces matières, parle d’un troisième mode de génération. Il a surpris et figuré un kolpode émettant une multitude d’œufs extrêmement petits. On voit avec quel luxe de procédés divers également féconds la nature a pourvu à la multiplication de ces singuliers animaux ; elle ne s’en est pas encore contentée, car elle y joint la faculté de perdre la vie quand ils se dessèchent, et de la reprendre quand on les humecte. M. Balbiani avait observé en 1857 une goutte d’eau déposée sur une lame de verre et où se trouvaient des kolpodes vivans. L’eau s’évaporant, chacun d’eux s’était enkysté et endormi dans son enveloppe. Or, la plaque ayant été de nouveau mouillée en 1864, on a vu chaque kolpode sortir de sa coque et reprendre sans hésitation ses fonctions vitales, interrompues par sept années de sommeil. C’est l’histoire de la belle au bois dormant dans son château. Ainsi les kolpodes vivent dans les mares, s’enkystent quand elles se dessèchent, et revivent aussitôt que l’eau revient. Sur les feuilles, dans les prairies, à chaque pli de rocher ou