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la foi ébranlée ; les évêques, presque tous confesseurs ou martyrs-dans la persécution arienne, pouvaient montrer sur leurs membres la trace du fer et du fouet, et ceux que le bourreau avait épargnés rapportaient de l’exil des infirmités souvent incurables. Voilà ce que le monde entier savait, et il n’était guère à croire que le bruit de tant de souffrances ne fût pas arrivé aux Occidentaux au milieu de la paix si complète dont ils jouissaient depuis Constantin. Proposer aux évêques d’Orient d’entreprendre en de telles circonstances un pèlerinage si lointain, qu’était-ce donc, sinon leur commander un regret ? Ils ne pouvaient en effet que répéter au fond de leur cœur avec l’Esprit saint : « Qui nous donnera les ailes de la colombe pour aller reposer à côté de nos frères ? »

Après ce préambule, qui contenait la glorification de la chrétienté orientale comparée à celle d’Occident, restée exempte, ou à peu près, des persécutions ariennes, les pères de Byzance abordaient les questions posées comme programme au futur concile œcuménique de Rome. Et d’abord, pour prouver l’esprit de paix et de charité qui les animait, ils avaient résolu, disaient-ils, d’envoyer à ce concile trois d’entre eux, Cyriacus, Eusèbe et Priscien, chargés de présenter leurs excuses et de faire connaître leurs résolutions. La lettre synodique n’ajoutait pas que ces ambassadeurs avaient été choisi, parmi les plus minces prélats d’outre-mer : Cyriacus était évêque d’Idace en Cilicie, Priscien, de Sébaste en Palestine, et on ignore si Eusèbe venait de Chalcide ou de la ville d’Olbia, en Isaurie.

Quant au règlement des quatre sièges métropolitains qui avaient excité si vivement la sollicitude des évêques d’Italie, le concile de Constantinople se bornait à notifier ses décisions au concile de Rome, déclinant toute explication à ce sujet, et se contentant d’affirmer ironiquement que le choix des titulaires méritait le respect de l’église et la congratulation des évêques d’Occident ; or ces titulaires, à l’exception d’un, seul, étaient précisément ceux que la lettre à Théodose avait signalés comme illégitimes et indignes.

« Nous avons, disaient les pères orientaux, institué pour évêque de la très illustre église de Constantinople le très saint et très révéré Nectaire, d’un accord unanime, en présence du très religieux empereur Théodose, et conformément aux suffrages du clergé et de toute la ville.

« Il a été également pourvu par nous aux besoins de l’église d’Antioche, cette ville antique et vraiment apostolique, où le nom de chrétien a été adopté pour la première fois. Le très saint et très révéré Flavien ayant été élu et ordonné évêque par le concours unanime de la ville, de son clergé et des prélats du diocèse d’Orient, nous avons, d’une commune voix aussi, ratifié son ordination. »