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vilège lui-même, le droit d’élire, leur fut enlevé. Le prétexte, dont on se servit pour exclure les frères cadets de la participation au vote et aux affaires de la société fut qu’ils se montraient beaucoup trop tumultueux dans les réunions. Aujourd’hui les Younger Brethren sont choisis d’après le bon plaisir du conseil, sur la proposition d’un des frères aînés, et sans que leur élection soit soumise, comme autrefois, à la formalité du scrutin. C’est à Deptford, le lundi de la Trinité, qu’avait lieu la cérémonie de la réception, d’après un ancien usage conservé jusqu’en 1709. Cette cérémonie, très simple, consistait pour l’initié à prêter serment et à serrer la main de chaque frère aîné, qui lui souhaitait en retour la bienvenue. Ceci fait, il recevait une branche, c’est le nom qu’on donne à un certificat portant la signature de la société[1]. Il avait ensuite à payer 20 shillings pour les pauvres comme droit d’entrée. Le nombre des frères cadets n’est point limité : il ne saurait être trop grand, disent les anciennes chartes, parce que les marins représentent la force de la nation. De nos jours pourtant on n’en compte que trois cent soixante. N’est-il point à regretter que Trinity House ait beaucoup trop introduit, avec le temps, dans sa constitution, le principe tout britannique de la primogéniture ? Les aînés se sont emparés du pouvoir, des honneurs et des profits de l’institution, tandis qu’ils laissaient aux cadets un vain nom et une branche sèche. Il est ainsi arrivé parmi eux ce qui arrive trop souvent dans certaines familles anglaises.

Les frères aînés, au nombre de trente et un, doivent être choisis parmi les frères cadets. En vertu de ce principe, toutes les fois que la société voulut admettre dans son sein un personnage d’élite, elle l’a d’abord reçu younger brother, puis (très souvent le même jour) elle l’a élevé à la dignité d’elder brother. Les cadets sont donc ainsi des candidats au rang supérieur de la fraternité ; mais dans Trinity House, comme dans le royaume des cieux, il y a plus d’appelés que d’élus, et la plupart d’entre eux restent à l’état de candidats perpétuels. D’après une modification du règlement qui remonte à 1835, tout frère cadet aspirant au droit d’aînesse doit d’ailleurs subir une sorte d’examen sur la validité de ses titres. Nul n’est admis à se présenter, s’il n’a d’abord servi au moins quatre années en qualité de capitaine dans la marine de l’état ou dans la marine marchande. Le jour des élections, une liste des candidats approuvés est remise par le secrétaire à tous les membres présens de la cour ou du conseil, court. Chacun d’eux, à commencer par le plus jeune, marque d’un trait de plume les noms des trois qui lui paraissent éligibles.

  1. On l’appelait ainsi parce qu’elle contenait une branche ou un extrait des statuts.