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Pour enrichir l’abîme et compléter ses maux,
Il devait ajouter les lignes de douane.


SUR PISE.


Que de tranquillité dans cette antique ville !
Ses quais, ses monumens, tout est paisible et beau ;
Mais il vous semble aussi que son Campo-Santo
L’a prise toute en lui, tant elle est immobile !

O noble Child-Harold, inquiet voyageur,
Après tant d’amertume et d’orageuse ardeur,
Tu fis bien en ces lieux de chercher un asile :
Ce calme convenait au trouble de ton cœur.

LE PALAIS LANFREDUCCI.


Sur ta face de marbre, ô vieux palais de Pise,
Tu portes une chaîne, et dessous pour devise
Apparaissent aux yeux ces mots que l’on sculpta
En traits nets et profonds : alla giornata.

On peut chercher ; pour moi, l’énigme est devinée.
Cette chaîne et ces mots, c’est enseigne donnée
Que tout ce qui se meut et respire ici-bas
Est forçat à la chaîne, et que le dur trépas,
Ou ce soir, ou demain, chacun à tour de rôle,
Nous fera déguerpir de la terrestre geôle.


À FLORENCE.


Il faut d’un caillou blanc noter tous ses bonheurs.
Avec le bon Robert, peintre des moissonneurs,
J’ai fait une course aux Cassines.
Ternes étaient les cieux et sombres les collines.
Les arbres jaunissans semblaient mourir de froid ;
On sentait que l’hiver nous tenait sous sa loi.
Les choses cependant me parurent divines.

À PROPOS DE LA MADONE DU SAC.


J’aime fort ta légende, ô bon André Sarto !
Elle dit qu’un jour, las de ne pouvoir atteindre
À l’idéal des traits que tu désirais peindre,
La Vierge et son doux bambino,