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l’Asie entière. Le Thibet y envoyait ses pierres précieuses, les onyx, les sardoines et le lapis-lazuli, employé pour les cachets, les bagues et les ornemens. L’Inde expédiait la cochenille pour teindre les étoffes et les tapis, les perles pêchées dans l’Océan-Indien et surtout dans les parages de Ceylan, l’ivoire, les bois précieux qui servaient à découper ces bâtons surmontés d’un ornement caractéristique, pomme, rose, lis ou, aigle, dont parle Hérodote dans ses voyages. La laine aussi venait de l’Inde en immenses quantités. La contrée transhymalayenne importait dans la vallée de l’Euphrate jusqu’à des chiens de chasse qui servaient aux riches cavaliers de Babylone. La Chine y envoyait aussi ses produits par les caravanes. Les routes de l’est servaient à l’importation, celles de l’ouest à l’exportation. Babylone vendait ses produits manufacturés, ornemens, eaux de senteur, étoffes, pierres taillées, aux marchands, de Phénicie, dont les vaisseaux trafiquaient sur le littoral de la Méditerranée. Du nord arrivaient à Babylone les blés, et les vins des fertiles régions de l’Arménie et de la Mésopotamie, qui descendaient l’Euphrate sur de légers bateaux de bois revêtus de peaux. Dans une aussi active capitale, Pythagore put aisément, car sa captivité n’était pas étroite, fréquenter des prêtres babyloniens, des marchands de tout pays, des Juifs, des brahmanes, et peut-être des Chinois.

La science ; assyrienne, sept siècles lavant, Jésus-Christ, bien longtemps par conséquent avant le voyage forcé de Pythagore en Asie, comprenait déjà « la mythologie » l’histoire, la géographie et la statistique, la botanique, la zoologie, l’astronomie et l’astrologie, la science du calendrier, l’arithmétique, l’architecture, la grammaire, » Cette liste si complète a été retrouvée sur les briques de la bibliothèque du dernier roi de Ninive, de l’infortuné Sardanapale. Pour ne parler ici que de l’arithmétique, sur les marches de l’Assyrie, les plus important de toute l’Asie, les calculs pratiques étaient exécutés, à l’aide de planchettes munies de cordes sur lesquelles on pouvait faire avancer ou reculer des boules qui marquaient des unités numériques d’ordre divers. Cet appareil primitif, qui rappelle un peu les compteurs de nos billards, remonte à une très haute antiquité, et était déjà en usage à Ninive avant de l’être à Babylone. Aujourd’hui encore les populations de l’extrême Orient, les Chinois et les Tartares, possèdent une machine à calcul nommée le souanpan, sans cesse employée pour tous les besoins du commerce. Qu’on se figure un carré oblong, renfermant trois rangées de boules mobiles sur des fils tendus à l’intérieur du cadre : cette machine, que les marchands chinois manœuvrent avec une merveilleuse rapidité, a été importée en Russie par