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colon est en règle avec l’état, et le succès ne dépend plus que de ses efforts.

Le nouveau squatter engage alors le personnel qui est indispensable à l’industrie pastorale, bergers, manœuvres et contre-maîtres, plus ou moins nombreux, suivant les dispositions connues des indigènes et l’étendue de la concession. Il se procure aussi le bétail dont il a besoin pour commencer, d’abord les chevaux, qui sont en grand nombre, afin que le maître et les serviteurs aient à toute heure du jour des montures fraîches à leur disposition, puis les bêtes à cornes et les moutons. Dans les cantons qui ne sont pas trop éloignés des villes ou des mines d’or, on élève beaucoup de gros bétail, parce que la viande s’y vend à bon prix ; dans les districts éloignés, on préfère au contraire les moutons, car la laine est alors l’élément principal du trafic[1]. Il s’agit maintenant de conduire ces troupeaux sur l’emplacement qui a été choisi, et c’est un voyage pénible, si la route est longue. Les bêtes à cornes surtout sont indisciplinées et veulent toujours retourner aux pâturages qu’elles viennent de quitter. Il arrive fréquemment qu’une fraction du troupeau s’échappe pendant les haltes de nuit ; il faut courir à sa poursuite et la ramener au campement ; puis on a des rivières à traverser, rivières sans pont et sans bateaux. Quand le colon est arrivé à l’endroit où il a résolu de s’établir, il se construit d’abord, pour lui et ses hommes, une hutte en terre et en bois dont le toit est recouvert de grandes herbes et d’écorces d’arbres, ce qui forme un abri frais en été et chaud en hiver. Plus tard, il aura une cabane en planches bien close et entourée d’une verandah qui mettra les murs à l’abri du soleil. Enfin, quand l’établissement sera devenu prospère ; si le pays est sain et agréable, si le propriétaire n’a pas ailleurs un domaine qu’il préfère, il fera venir des ouvriers européens pour construire une maison de brique ou de pierre où il pourra introduire tout le comfort britannique. En dehors de la maison d’habitation, les dépendances de la station se réduisent à bien peu de chose. Il suffit de disposer, avec les bois que le terrain produit, de vastes enclos qui ont quelquefois 2 ou 300 hectares de superficie. L’un d’eux renferme les chevaux que l’on veut avoir sous la main ; les autres sont destinés au bétail non apprivoisé, aux moutons que l’on va tondre, aux bêtes qu’on a choisies pour les conduire au

  1. La Nouvelle-Galles du Sud produit plus de gros bétail que les autres provinces ; il y existe un plus grand nombre d’établissemens où l’on fait bouillir les viandes afin d’en extraire le suif. Pendant l’année 1861, 38 usines de ce genre étaient en activité et ont traité 31,000 bœufs ou vaches. On en exporte aussi beaucoup de jeunes botes qui sont vendues pour l’engraissement aux stations de la Victoria et de l’Australie méridionale.