Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 52.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sable, des lacs d’eau salée, des rivières à moitié desséchées, enfin cette demi-stérilité qui n’effraie plus les colons, et qui nourrit tant bien que mal d’innombrables troupeaux. En attendant que de nouveaux voyages confirment ou démentent ces hypothèses, l’analogie permet d’admettre la similitude de nature et d’aspect entre des contrées voisines soumises aux mêmes influences.

Il est donc permis de tracer dès à présent à grands traits le tableau physique de l’Australie ; mais, pour s’en faire une idée complète, il faut élargir le point de vue et considérer en même temps-les mers qui l’enveloppent. Au sud et à l’ouest, c’est l’Océan-Austral et l’Océan-Indien, mers profondes, sans îles, immenses masses d’eau qui s’étendent sans interruption jusqu’aux glaces du pôle et jusqu’à l’Afrique continentale. À l’est et au nord, ce sont au contraire des mers de faible profondeur d’où surgissent les nombreux archipels de la Polynésie et de la Malaisie. Le fond se relève si près du niveau supérieur des eaux, qu’il suffirait d’un abaissement de 2 à 300 mètres pour mettre à sec tout l’espace compris entre l’Asie et l’Australie, tandis que, dans notre Europe, un pareil abaissement augmenterait à peine l’étendue de la surface découverte. Au point de vue topographique, les îles de la Sonde, l’Australie et la Terre de Van-Diémen, qui lui fait suite, sont bien une dépendance de l’Asie. Bans toute l’étendue de la mer qui les sépare, le marin sent pour ainsi dire à chaque instant le sol qui est à une faible profondeur au-dessous de la quille de son navire. On dirait d’un ancien continent dont les eaux auraient envahi les vallées et les plaines basses, ne laissant plus apparaître que les sommets les plus élevés. Cette région a d’ailleurs une tendance marquée à émerger de nouveau au-dessus de l’océan. Les insectes corallins couronnent les pics sous-marins et les élèvent insensiblement au niveau de la mer. Ils ont déjà construit au long de la côte orientale une ligne continue d’écueils que l’on appelle la Grande-Barrière, récifs redoutables qui s’étendent depuis le détroit de Torrès jusqu’au tropique, et qui rendent la navigation plus dangereuse en ces parages qu’en tout autre point du globe.

Or on a remarqué que dans tous pays le relief du sol émergent est, par une sorte de compensation naturelle, en proportion avec la profondeur des mers avoisinantes. Il n’y a donc pas à s’étonner que l’altitude moyenne de l’Australie soit peu considérable. En outre on a pu déjà reconnaître qu’il s’y trouve des plaines d’une vaste étendue qui ont de 100 à 200 mètres d’élévation, des plateaux qui vont à 500 et 600 mètres. Les montagnes y sont au contraire peu élevées et marquent des saillies à peine sensibles sur un terrain relativement plat et uniforme. Sur ce continent, qui se distingue ainsi