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trouvera la même étendue et, à peu près la même forme que les missionnaires allemands ont données à leur mer méditerranée. Dans les sciences d’observation, les tâtonnemens sont inévitables. La carte de MM. Rebmann et Erbardt laisse, sans doute beaucoup à désirer ; mais que d’utiles renseignemens ne renferme-t-elle pas ! Elle pose de précieux jalons sur la route des explorateurs à venir ; elle soulève d’importantes questions dont le progrès de la science doit amener la solution. Quelle est la position, quelle est l’étendue de ces alpes africaines, de ces monts Kénia et Kilimandjaro. » dont les missionnaires ont constaté l’existence, mais qu’ils n’ont pu étudier de près ? Se rattachent-ils à une chaîne plus considérable ? Outils des ramifications dans l’intérieur du pays ? ; Ne seraient-ils point une des branches de ces montagnes de la Lune qui alimentent lies réservoirs où le Nil prend sa source ?


I

C’est pour résoudre ces questions et toutes celles qui en découlent que la Société de géographie de Londres prit la résolution d’envoyer dans l’Afrique orientale une mission scientifique qui pénétrerait dans la région des lacs pour en étudier les caractères généraux, déterminer la position des montagnes, leurs ramifications, leur altitude, et s’assurer si celles qui ont été découvertes sont couronnées de neiges éternelles. Elle devait prendre les meilleures mesures possibles pour donner la configuration des lacs, leur étendue, leur profondeur et leur élévation au-dessus du niveau de la mer, sans oublier les nombreuses questions que l’ethnographie pose aux voyageurs. Elle avait enfin pour principal objet de ses recherches la découverte des sources du Nil. Une telle mission exigeait.des hommes d’une grande énergie, d’un coup d’œil rapide, unissant une prudence consommée à une grande force de volonté, sachant résister ou céder à propos, obéir aux coutumes ou les braver, des hommes d’intelligence, aguerris aux périls et aux fatigues des voyages dans les régions tropicales. La société trouva ces hommes dans les capitaines Burton et Speke, officiers de l’armée des Indes. Le premier était déjà célèbre par des voyages d’une extrême hardiesse en Arabie et surtout aux sanctuaires sacrés de l’islam, et le second s’était fait remarquer par son courage, son sang-froid et son habileté dans les grandes chasses de l’Inde.

Leur début ne fut pas heureux. Ils avaient formé le projet de partir de Berbera, ville africaine située sur le golfe d’Aden, et de pénétrer, par le pays des Saumalis et des Gallas, dans ces régions centrales qu’ils devaient explorer pour redescendre ensuite jusqu’à Zanzibar. L’on comprend que ce projet se soit présenté le premier à