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la circonstance des affaires présentes nous invite de concourir, nous nous sommes déterminés et avons résolu d’acquiescer à la demande renouvelée encore en dernier lieu desdits fidèles sujets de notre dit frère Jacques III, roi de la Grande-Bretagne, et de leur accorder un corps de troupes pour parvenir au but qu’ils se proposent, — et rien n’étant plus important, pour conduire un si juste et glorieux dessein à une heureuse et entière réussite, que de confier le commandement de ce corps de troupes à une personne qui, par ses talens, sa bravoure et son expérience à la guerre puisse s’attirer la confiance tant de nos troupes que desdits fidèles sujets britanniques, et conduire pour l’avantage de nos intérêts communs les opérations de guerre, sous les ordres cependant de notre très cher et très amé frère Jacques III, roi de la Grande-Bretagne, et, en son absence et jusqu’à son arrivée, de concert avec celui qui sera chargé en son nom du gouvernement et de l’administration de ses royaumes, nous avons cru ne pouvoir faire pour cet effet un meilleur choix que de notre très cher et bien amé le sieur comte Maurice de Saxe, lieutenant-général de nos armées, par la connaissance que nous avons de sa valeur, courage, expérience au fait de la guerre, vigilance, activité et sage conduite, dont il a donné des preuves suffisantes, tant dans les deux dernières campagnes en Allemagne que dans plusieurs autres occasions… Et en conséquence lui avons donné et donnons plein pouvoir de commander à toutes les troupes, tant de cavalerie que d’infanterie française et étrangère, dont ledit corps de troupes sera composé, leur ordonner ce qu’elles auront à faire et les employer partout où besoin sera pour l’effet de nos intentions, publier, dans le temps et en la forme qu’il estimera la plus convenable les déclarations qui pourront être nécessaires pour faire connaître et manifester les motifs de l’emploi des troupes que nous lui confions pour une mesure aussi juste, s’opposer aux entreprises des sujets rebelles à notre dit frère Jacques III, roi de la Grande-Bretagne, entrer dans leur pays, assiéger leurs villes, places et châteaux, les emporter de force ou les prendre à composition, combattre lesdits sujets rebelles, leur livrer batailles, rencontres et escarmouches… Si, donnons en mandement à nos lieutenans-généraux, maréchaux-de-camp, brigadiers, colonels, mestres-de-camp, ingénieurs, capitaines, chefs et conducteurs de nos gens de guerre, tant de cheval que de pied, Français et étrangers, qui serviront dans ledit corps de troupes, et tous autres nos officiers et sujets qu’il appartiendra, de reconnaître ledit sieur comte Maurice de Saxe en la qualité de notre lieutenant-général, et de lui obéir et entendre en toutes les choses concernant le pouvoir porté par les présentes, car tel est notre plaisir. En témoin de quoi nous avons fait mettre scel à cesdites présentes.

« Donné à Versailles, le 13e jour du mois de janvier, l’an de grâce 1744 et de notre règne le 29e.

« Louis. »


Les formes de ce document oublié indiquent assez l’importance qu’on attachait à l’expédition d’Angleterre. Un mémoire remis un mois après au comte de Saxe révèle aussi l’extrême confiance du roi