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petites colonies s’étaient fondées, l’une à Perth sur la Rivière des Cygnes, et l’autre à Albany près du Port-du-Roi-George. Le pays n’était pas, paraît-il, aussi fertile qu’à l’est ; des plateaux d’élévation médiocre, des rivières torrentielles en hiver et desséchées en été, des lacs d’eau saumâtre qui s’évaporent pendant la saison chaude en laissant à la surface du sol une croûte de sel solide, tels étaient les caractères principaux de cette région, ou les établissemens européens ne prospérèrent pas. Créées par le gouvernement anglais en 1829, à une époque où l’on craignait que la France ne prît pied sur cette portion abandonnée de l’Australie, les colonies occidentales ont médiocrement réussi, et, signe manifeste d’impuissance, ont réclamé l’assistance des convicts à l’époque même où les autres provinces s’affranchissaient de cet élément de désordre. Elles se sont un peu plus développées en ces dernières années ; mais, à l’époque dont il s’agit ici, il n’y avait dans ces parages que quelques villages sans importance et quelques stations d’une faible étendue. On ne savait rien d’ailleurs du pays qui s’étendait au nord jusqu’à la mer des tropiques, ni de la côte inhospitalière, connue sous le nom de Terre de Nuyts, qui sépare l’Australie occidentale de l’Australie méridionale.

Tels furent les résultats des explorations géographiques jusqu’en 1840. Ce qu’on connaissait déjà était bien peu de chose en comparaison des immenses, terrains du centre et du nord qui restaient encore inconnus ; mais les explorations allaient se multiplier en proportion des richesses acquises par les habitans. Elles allaient aussi se poursuivre en diverses directions suivant les intérêts propres de chaque province. Ainsi la Nouvelle-Galles du sud aurait voulu s’ouvrir un débouché vers le nord. Il est peu de côtes dans le monde aussi dangereuses pour la navigation que la côte orientale de l’Australie. En remontant au nord de Sydney, on entre, à la hauteur du tropique, dans une mer parsemée de brisans qui s’étendent à plusieurs centaines de kilomètres au large. Une chaîne continue de récifs, la Grande-Barrière, règne tout au long du rivage, et n’en permet l’accès que par un petit nombre d’ouvertures. Enfin, avant de déboucher dans la mer des Moluques, il faut franchir le détroit de Torrès, auquel de nombreux naufrages ont fait une redoutable célébrité. Tous ces dangers eussent été évités, et l’exportation des produits du sol fût devenue plus facile, si l’on avait pu découvrir une rivière, comme la Murray, qui serait descendue des Montagnes-Bleues et aurait versé ses eaux au nord du continent, dans cette entaille profonde qui s’appelle le golfe de Carpentarie. Les colons de l’Australie-Méridionale ne songeaient pas encore à s’ouvrir une route vers le nord en traversant le continent dans sa plus grande largeur ; mais, ayant rencontré devant eux un district stérile et de