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les hauts plateaux de la Nouvelle-Galles du sud les troupeaux se multiplient avec rapidité ; mais les bêtes ne peuvent s’y engraisser, parce que le sol est trop pauvre. En conséquence, l’overlander achète les bestiaux à bon marché dans la montagne, et les conduit, par une course de 1,200 à 1,500 kilomètres, jusqu’aux plaines de la Murray, où il les revend. Cette industrie, dangereuse pendant les premières années, alors qu’on ne rencontrait sur la route que des tribus hostiles ou pillardes, a fait promptement connaître la région intermédiaire qu’arrosent toutes ces belles rivières, le Darling, le Lachlan, la Macquarie, le Murrumbidgee. Maintenant des stations agricoles sont dispersées sur la presque totalité de ces vallées ; des bateaux à vapeur en remontent ou descendent le cours aussi loin que la navigation est praticable, et transportent aux ports de mer les produits du sol, en particulier les riches cargaisons de laine qui sont la fortune de l’Australie.

La découverte des plaines de Victoria suivit de près celle de l’Australie méridionale. Vers 1834, des colons, arrivés par mer, s’étaient déjà établis dans la baie de Port-Phillip, et y avaient élevé quelques cabanes qui furent le berceau de la splendide cité de Melbourne. Deux ans après, le major Mitchell, suivant les traces du capitaine Sturt, franchit la Murray, s’engagea dans les districts inconnus au sud de ce fleuve, et parcourut pour la première fois ce beau pays qu’il a surnommé l’Australie heureuse, de nouveaux pâturages étaient ouverts à la colonisation, moins éloignés de Sydney que l’embouchure de la Murray. Les Européens s’y portèrent en foule, y multiplièrent leurs établissemens, et relièrent peu à peu, par une suite ininterrompue de villes, de villages et de stations pastorales, les trois grandes provinces, la Nouvelle-Galles du sud, Victoria et l’Australie-Méridionale, qui occupent l’angle sud-est du continent.

Il serait inutile de rappeler en détail les nombreuses expéditions qui sillonnèrent ces contrées et ouvrirent le chemin aux squatters. Cependant une mention spéciale doit être accordée aux travaux du comte Strzèlecki, qui parcourut toute la chaîne des Montagnes-Bleues depuis Sydney jusqu’à Melbourne, mesurant la hauteur des pics principaux, étudiant le climat, l’aspect physique et la géologie, les productions de ces alpes australiennes. Dès l’année 1839, il signalait au milieu des échantillons de minéralogie qu’il avait rapportés un sulfure de fer aurifère, observation précieuse qui fut oubliée jusqu’aux grandes découvertes que M. Hargreave fit douze années plus tard.[1]

À l’extrémité opposée du continent, sur la côte occidentale, deux

  1. Voyez sur le voyage du comte Strzèlecki la Revue du 15 février 1847.