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REVUE SCIENTIFIQUE

LE BOLIDE DU 14 MAI 1864.
LES AEROLITHES ET LES ETOILES FILANTES.

Le 14 mai dernier, M. Brongniart, de l’Académie des Sciences, étant à la campagne, près de Gisors, aperçut à huit heures du soir un bolide très brillant. On le voyait vers le sud ; il marchait de l’ouest à l’est, et n’était élevé que de 15 à 20 degrés au-dessus de l’horizon, sous lequel il disparut bientôt. Ces sortes de météores sont assez fréquens ; mais celui-ci devait avoir un retentissement particulier. Dès le lendemain en effet, toutes les feuilles du sud-ouest de la France nous apprenaient qu’il avait été vu à la même heure depuis Paris jusqu’aux Pyrénées, et un grand nombre de lettres adressées à l’Académie des Sciences décrivaient toutes les circonstances du phénomène. C’était, à n’en pas douter, un grand événement météorologique. L’enquête qu’il appelait a été faite avec un soin consciencieux par M. Daubrée, que ses études antérieures désignaient naturellement à l’honneur de cette mission, et qui était doublement autorisé à l’entreprendre par sa qualité de membre de l’Institut et de professeur au Muséum. Grâce aux documens qu’il a publiés et aux recherches qu’il a provoquées, nous savons aujourd’hui, de cet accident mémorable, tout ce que l’observation pouvait nous apprendre.

Puisque les villes de Gisors et de Paris ont vu le météore briller vers le sud, c’est dans cette direction qu’il fallait aller demander des détails sur les circonstances qui en avaient accompagné l’apparition. En effet, en interrogeant les habitans de la zone qui comprend Laval, Le Mans, Blois, Tours et Bourses, on apprit que ces villes avaient été tout à coup, à la même date et à huit heures du soir, inondées d’une lumière vive, et que de nombreux promeneurs, attirés par une belle soirée de printemps,