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paraît-il, quatre cartes manuscrites du XVIe siècle où les côtes septentrionales de l’Australie sont dessinées avec assez de vérité. Un autre document, exhumé depuis peu d’une bibliothèque publique de l’Angleterre, ne fait remonter qu’à l’année 1601 la découverte de cette terre et en attribue le mérite au Portugais Manoel Godinho de Eredia. Vers le même temps aussi, un capitaine espagnol, Fernandez de Quiros, fit deux voyages au sud de l’Asie, découvrit l’archipel des Nouvelles-Hébrides, et laissa son nom à l’une de ces îles. L’un de ses lieutenans, Luis Vaez de Torrès, soit qu’il quittât l’escadre avec préméditation, soit qu’il en fût séparé par un orage, fut entraîné du côté de l’ouest, franchit le détroit tristement fameux qui sépare la Nouvelle-Hollande de la Nouvelle-Guinée et entrevit sans doute dans le lointain la grande terre Australe, sans en soupçonner l’importance ni l’étendue. Les Hollandais reconnurent en 1616 la côte occidentale et l’appelèrent Endraagtsland où Terre de la Concorde, du nom du bâtiment qu’ils montaient.

Tels sont en résumé les renseignemens les plus anciens que nous ayons sur le continent austral. Plus tard vinrent tes grands voyageurs, Carpenter, de Nuyts, Tasman et Cook, qui suivirent de près tous les rivages de l’Australie et en isolèrent la forme sur leurs cartes de même qu’elle est isolée au sein de l’océan. Cook, dans son premier voyage de circumnavigation, s’attacha surtout à étudier minutieusement la côte orientale, où s’épanouissent aujourd’hui deux grandes colonies, la Nouvelle-Galles du sud et la Terre de la Reine, Les renseignemens précis qu’il rapporta en Angleterre exercèrent une influence décisive sur le choix qui fut fait, quelques années après, du Port-Jackson pour y fonder la colonie pénitentiaire qui est devenue la puissante ville de Sydney. Aussi ne peut-on constater sans regret que les colons de l’époque actuelle aient oublié le nom de ce navigateur au point de ne pas consacrer à sa mémoire un seul point de leur territoire. Longtemps après Cook, de 1837 à 1843, la reconnaissance hydrographique des côtes fut faite par les marins anglais ; mais cette œuvre, encore incomplète en bien des endroits, attend pour se terminer que la race européenne s’empare de tous les rivages.

Tous ces voyages d’exploration autour du continent australien avaient donné un même résultat, bizarre en apparence. Aucun cours d’eau de grande importance ne se déversait dans l’océan. Les côtes, tantôt uniformes et inhospitalières comme au long, de la Terre de Nuyts, tantôt découpées en baies sûres et profondes comme sur le versant oriental, n’apportaient à la mer que le faible tribut de modestes affluens. Rien de comparable au Nil, au Rhin, au Danube, encore moins aux grands fleuves de l’Amérique, la Plata, l’Amazone et le Mississipi. Le drainage de cette vaste étendue de terrain, presque