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générale accueillit l’avènement des nouveaux ministres. Lorsque la liste en fut connue, la garde nationale d’Athènes se rassembla spontanément et courut au palais saluer le roi de ses acclamations.

Depuis ce moment, la Grèce n’a cessé de remonter, lentement il est vrai, mais d’un pas ferme, la pente qu’elle avait si malheureusement descendue une seconde fois sous l’administration de M. Boulgaris. Le ministère Canaris se mit immédiatement à l’œuvre sans hésitation ni faiblesse, et sut se montrer à la hauteur de sa tâche. La politique de réorganisation et de résistance que le sentiment unanime du pays réclamait fut inaugurée dans toutes les branches des services publics. M. Boulgaris avait laissé traîner les négociations du traité relatif aux Iles-Ioniennes, car rien ne le servait mieux que l’impuissance à laquelle cette affaire, demeurée en suspens, réduisait la royauté. M. Th. Délyannis eut le bon sens de comprendre qu’ayant obtenu sur les principaux points les modifications nécessaires aux exigences de l’honneur national, il valait mieux ne pas s’arrêter aux détails secondaires, et que le premier intérêt était une prompte solution. Il envoya donc au représentant de la Grèce à Londres l’ordre de signer sans délai le traité dans sa nouvelle rédaction, et d’insister pour que l’union des sept îles fût réalisée le plus rapidement possible. Les administrations de l’intérieur, des finances et de l’instruction publique furent purgées des hommes qui les avaient envahies sans autre titre que l’ardeur de leurs opinions révolutionnaires ; les bons et anciens employés, destitués pour leur faire place, furent réintégrés. L’amiral Canaris s’occupa de remettre en état la flotte, que le ministère précédent avait désarmée et dont il avait licencié les équipages pour les punir d’être restés dans tout le cours de la révolution sourds aux excitations de désordre que l’armée de terre n’avait que trop écoutées. Quant à ce dernier service, c’était sans contredit le plus malade. Heureusement le nom de M. Coronéos avait suffi pour rendre confiance à la garde nationale et à la portion des troupes demeurée fidèle à la discipline ; le nouveau ministre disposait donc d’une force matérielle suffisante pour étouffer l’anarchie de la rue et pour assurer la prompte exécution de ses ordres. Dix jours après son avènement, les révoltes militaires de Missolonghi et de Patras étaient réprimées, les corps qui avaient donné l’exemple de la mutinerie licenciés, et leur désarmement s’opérait sans résistance ; les sous-officiers fauteurs d’insubordination étaient cassés de leur grade et traduits devant des conseils de guerre reconstitués après dix-huit mois de suspension. L’armée avait perdu l’habitude de cette salutaire et énergique sévérité ; aussi l’effet des mesures de répression