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LA GRECE
DEPUIS LA REVOLUTION DE 1862

III.
L'INTERREGNE ET LA NOUVELLE ROYAUTE.


I

Jamais peut-être la distinction que les Grecs ont coutume de faire entre le peuple et ce qu’ils appellent la classe politique n’a été mieux marquée que dans la dernière révolution. La crise d’octobre 1862 n’a pas montré les représentans de cette classe sous un jour bien favorable. A. un petit nombre d’exceptions près, le caractère dominant de leur conduite, quand une ambition coupable ne les égarait pas, a été l’effacement et l’impuissance. Ni grands crimes, ni grandes vertus, voilà comment on pourrait caractériser en quelques mots la période révolutionnaire, dont la singularité la plus saillante a été de n’avoir produit aucun homme nouveau. Les mêmes événemens ont été en revanche honorables pour la nation, abandonnée à elle-même, sans gouvernement et sans guide. Après un premier moment de surprise, qui avait livré le pouvoir à une minorité d’anarchistes, le peuple grec a repris possession de lui-même ; dans sa réaction contre l’esprit révolutionnaire et contre l’influence exclusive de la Grande-Bretagne, il a déployé une énergie, une constance,