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le sens du diamètre horizontal. De plus, si les molécules contenues dans le verre sont de densités différentes, les plus denses se porteront à la surface, tandis que les plus légères convergeront vers le centre. La mécanique rend d’ailleurs parfaitement compte de ce phénomène, auquel elle a donné le nom de force centrifuge.

Or, à l’époque où la masse terrestre était encore fluide, les molécules pouvaient facilement obéir aux sollicitations de la force centrifuge développée par le mouvement rotatoire autour de la ligne des pôles. Cette force, augmentant d’intensité, comme l’indiquent le calcul et l’expérience, avec le carré de la vitesse, était loin d’être la même sur tous les points de la terre. À l’équateur, chaque molécule, devant parcourir environ 40,000,000 de mètres en 24 heures, c’est-à-dire plus de 460 mètres par seconde, obéissait à une tendance centrifuge des plus puissantes. Il en était de même dans le voisinage de cette ligne, tandis que les molécules des régions polaires, n’ayant qu’une très petite circonférence à décrire, n’étaient soumises qu’à une force très faible ou presque nulle.

Maintenant, si l’on observe que ces matières, qui entrent dans la composition du globe, sont de densité différente, on comprendra facilement que les molécules pesantes se sont nécessairement portées vers la surface avec d’autant plus d’énergie qu’elles étaient plus voisines de l’équateur et que la densité en était plus forte. De là trois conséquences : diminution du rayon polaire et augmentation du rayon équatorial, transport au centre de la terre des molécules les plus légères et à la surface des molécules les plus denses, enfin densité des molécules de la surface d’autant plus forte qu’elles sont plus voisines de l’équateur.

La première de ces lois est connue de tout le monde et a été vérifiée par les astronomes. Les deux dernières, quoique dérivant du même principe, sont restées inaperçues jusqu’ici des géologues et des physiciens, parce que les uns et les autres ne se sont jamais préoccupés que des effets de la pesanteur, qui agit en sens inverse de la force centrifuge. Elles sont cependant tout aussi faciles à vérifier par l’étude de l’écorce terrestre et des déjections volcaniques, et nous donnent en même temps la solution du problème du gisement des métaux précieux, car ces métaux, étant les plus lourds de tous, se montreront d’autant plus abondans qu’on se rapprochera davantage de l’équateur ; par contre, ils deviendront de plus en plus rares à mesure qu’on s’avancera vers les pôles.

Si l’on prend une mappemonde, on remarquera que les faits s’accordent avec nos conclusions. Il suffit de comparer les latitudes, c’est-à-dire les distances qui séparent de l’équateur tous les pays connus par leur richesse en mines d’or ou en sables aurifères.