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celle de Minas-Geraes. On sait que le quint est la cinquième partie que prélevait la couronne de Portugal sur tout l’or trouvé dans ses colonies. Le produit total étant estimé à 250 arrobes par an, cela donne 25,000 arrobes en tout pendant un siècle ; l’arrobe étant de 32 livres portugaises, la livre de 500 grammes en moyenne et par conséquent représentant une valeur actuelle de 1,500 francs, nous trouvons 1,200 millions. La contrebande, évaluée à un cinquième, nous fait arriver à 1,500 millions. Si nous doublons ce chiffre pour tenir compte des provinces de Matto-Grosso, Goyaz, Minas-Novas, São-Paulo et autres moins connues ou moins importantes, nous trouvons 3 milliards, qui est le nombre donné par Humboldt.

Il faut maintenant rechercher brièvement les causes physiques qui semblent avoir accumulé l’or dans certaines régions à la surface du sol et dans les sables des rivières.


II

Si. l’on compare attentivement les diverses exploitations aurifères qui se trouvent aujourd’hui dispersées sur les points les plus éloignés du globe, Californie, Australie, Oural, Altaï, Afrique, Bornéo, Brésil, on voit constamment se reproduire plusieurs faits caractéristiques que l’on peut, ce semble, considérer comme les lois générales des gisemens aurifères.

La première de ces lois s’applique à la zone terrestre qui a le privilège, pour ainsi dire exclusif, de posséder le précieux métal. Ce sont les contrées équatoriales ou inter-tropicales qui sont incontestablement les plus riches. L’Amérique, l’Afrique et l’Océanie sont traversées par l’équateur et par les tropiques. L’Oural et l’Altaï sembleraient faire exception au premier abord ; mais on sait que leurs sables sont moins riches que ceux de la zone torride, et d’ailleurs on pourrait peut-être faire rentrer cette chaîne dans la loi générale, si l’on admet, comme le veulent plusieurs géologues, que la terre ait subi un déplacement d’axe, et que le bourrelet montagneux qui traverse le nord de l’Asie et des deux Amériques ait été jadis sous l’équateur.

Si, après avoir déterminé les régions aurifères, on étudie les circonstances locales qui accompagnent les gisemens, on trouve une seconde loi, non moins remarquable que la première. L’or ne se rencontre que dans le voisinage des grandes chaînes de montagnes. On ne le voit jamais sur la crête dénudée des masses granitiques, syénitiques, porphyriques, etc., qui forment la charpente des continens. C’est toujours dans les contre-forts de ces montagnes, c’est-à-dire dans les vallées qui s’étendent entre la plaine proprement