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ferrée superposées l’une à l’autre. Au sortir de la gorge, la vallée s’ouvre de nouveau, et l’olivier apparaît sur les collines qui dominent le village de Donzères : on entre dans la région méditerranéenne, Nulle part le contraste n’est plus saisissant, il frappe le voyageur le plus inattentif : la gorge de Donzères sépare le nord du midi de la France. La limite de la culture de l’olivier est celle de la région méditerranéenne. Partant de Perpignan, la courbe qui la circonscrit passe par Arles sur Tech et Olette dans les Pyrénées-Orientales, Carcassonne dans l’Aude, puis, pénétrant dans les vallées abritées des Cévennes, elle, traverse Saint-Chignan, Saint-Pons et Lodève dans l’Hérault, le Vigan et Alais dans le Gard, Joyeuse, Aubenas, Beauchastel dans l’Ardèche, où elle atteint son point le plus septentrional par 44° 50’ de latitude ; elle redescend ensuite vers le sud, coupe le Rhône à Donzères, descend à Nyons dans la Drôme, puis à Sisteron et à Digne dans les Basses-Alpes, à Bargemon et Grasse dans le Var, et à Saorgio dans les Alpes-Maritimes. Nous ne la suivrons pas plus loin ; disons seulement qu’elle longe le pied méridional de l’Apennin, passe au nord de Florence, traverse la Dalmatie, coupe le méridien un peu au sud de Constantinople, et se termine dans l’Asie-Mineure, sa patrie originelle. De là, l’olivier s’est successivement étendu, dès la plus haute antiquité, en Syrie, en Palestine, en Grèce et dans le nord de l’Afrique, où il prospère admirablement depuis la Cyrénaïque jusqu’au Maroc. En Espagne, cet arbre est cultivé sur toute la côte orientale depuis les Pyrénées jusqu’au détroit de Gibraltar. L’olivier entoure ainsi le pourtour de la Méditerranée d’une ceinture continue qui n’est interrompue que par l’Égypte, où d’autres cultures plus fructueuses l’ont remplacé sans l’exclure totalement. C’est donc avec raison que les dénominations de région méditerranéenne ou région des oliviers sont admises comme synonymes par les naturalistes et les géographes modernes.

La constitution météorologique de la région méditerranéenne présente une grande uniformité. Elle est en outre complètement différente du régime météorologique de la France et de l’Europe occidentales. Depuis les côtes de Portugal jusqu’à celles de Norvège, l’influence de l’Océan domine toutes les autres. Les contrées intermédiaires ont un climat que j’appellerai océanien par opposition au climat méditerranéen, qui règne autour de cette mer intérieure. L’Océan agit non-seulement par sa masse et son étendue pour dominer souverainement le climat de l’Europe occidentale ; il y a plus : un courant d’eau chaude, le gulf-stream, parti du golfe du Mexique, vient baigner toutes les côtes européennes. Une de ses branches longe le Portugal ; l’autre pénètre entre l’Angleterre et