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à Zurich une association du même genre, qui à son magasin d’alimens a pu joindre une boulangerie et un débit de boissons, et qui en 1861 a vendu pour 801,883 fr. de denrées diverses. D’un autre côté, M. Casimir Perier, dans une récente publication[1], nous apprend qu’il existe à Grenoble depuis 1851, une association alimentaire qui vend à ses propres membres des alimens préparés dans une cuisine commune, soit pour les emporter à domicile, soit pour les consommer dans des réfectoires mis à leur disposition. Elle ne cherche à faire aucun bénéfice, mais seulement à couvrir ses frais. En 1863, le nombre des membres était de 450 ; les recettes se montaient à 130,000 francs, et présentaient sur les dépenses un excédant de 5,000 francs environ. La compagnie d’Orléans a créé pour ses employés une institution analogue qui donne d’excellens résultats.

La troisième espèce d’associations comprend les associations de crédit, et ce sont celles dont M. Batbie s’occupe spécialement dans son ouvrage. Elles ont pour objet de permettre aux classes ouvrières d’arriver au bien-être, et par conséquent de rendre moins utiles des institutions charitables, telles que caisses d’épargne, sociétés de secours mutuels, etc. Les établissemens de prêts sur gages ne rentrent pas, à proprement parler, dans la catégorie des associations de crédit ; mais ils ont contribué dans quelques pays, notamment en Angleterre, à la formation de sociétés de prêt (loan societies) qui s’en rapprochent à certains égards. L’industrie du prêt sur gages, sans y être l’objet d’un monopole, est réglementée en Angleterre et soumise à un tarif maximum ; mais celui-ci est si onéreux pour ceux qui y ont recours qu’il s’est constitué, soit par voie d’association, soit par actions, des sociétés spéciales qui prêtent à de meilleures conditions ; beaucoup d’entre elles sont même l’œuvre de sectes religieuses, Elles prêtent sans caution, à un intérêt qui n’excède pas 12 pour 100, des sommes dont le maximum est de 13 livres sterling, et qui sont remboursables au moyen d’à-comptes hebdomadaires. Elles ont été pour les classes laborieuses un véritable bienfait et ont puissamment contribué à alléger les souffrances que la crise cotonnière leur a imposées[2].

Les associations ouvrières de crédit ne sont pas moins florissantes en Allemagne qu’en Angleterre : seulement elles reposent sur une tout autre base. La fondation en est due à l’un des hommes les plus remarquables de

  1. Les Sociétés de coopération, par M. Casimir Perier, in-8o, Dentu, 1864.
  2. Ces sociétés, au nombre de 703 pour l’Angleterre seulement, sont en pleine prospérité. D’après le tableau présenté par John Tidd Pratt, esquire, à la chambre des communes, le montant des fonds versés par les déposons et actionnaires de ces 703 sociétés était de
    210,139 liv. st.
    Montant des prêts effectués en 1802 704,987
    État des prêts au 31 décembre 454,359
    Nombre de prêts accordés en 1862 161,150
    Intérêts payés par les emprunteurs 37,220
    Intérêts payés aux actionnaires 26,179
    Bénéfice net, déduction faite des frais et des intérêts payés 6,584