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Est calme : la mer dort à leurs pieds, sur leurs têtes
Le ciel luit ; seuls en eux ils portent les tempêtes,
Tempêtes sans relâche et qui ne cesseront
Que le jour où la mort aura glacé leur front.


AUX PIGEONS DU DOME.


Oiseaux du grand saint Marc, hôtes de son église,
Beaux pigeons azurés qui dans l’azur des cieux
Montez en nuages joyeux,
Ne désertez jamais les clochers de Venise ;
Volez toujours autour de ses toits glorieux,
Afin qu’au doux aspect de vos aimables jeux
Le cœur de ses enfans se ranime et se dise :
Courage ! tout n’est pas esclave dans ces lieux.


EN TRAVERSANT LE SIMPLON.


O voyageur, vois-tu ces monts audacieux ?
C’est le champ de bataille où les fils de la terre
Firent au roi des dieux une si forte guerre,
Qu’il faillit perdre ensemble et la foudre et les cieux.

Mais ils furent vaincus, et les pleurs de leurs yeux
Formèrent ces torrens bruyans comme un tonnerre,
Et l’écume vomie en leur sombre colère
Couvre encor de blancheurs ces sommets orgueilleux ;

Puis ce profond ravin où serpente la route
Est un des grands sillons que leurs chars en déroute
Creusèrent sous le pied des chevaux haletans ;

Et ces bois de sapins aux cimes toutes sèches,
Ces sapins par milliers plantés comme des flèches,
Ce sont les derniers traits du carquois des Titans.


RETOUR.


Italie, ô splendeur ! dans le sombre Paris
Rentrer après avoir foulé ta blonds terre,
Hélas ! c’est retrouver l’ombre après la lumière,
L’inquiétude après l’existence légère ;
Mais c’est aussi revoir sa mère et ses amis.


AUGUSTE BARBIER.