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On n’entendait au sein de la gorge profonde
Que le frémissement du lac aux froides eaux
Et les cris de Néron perçant la voûte ronde
De sa blanche villa penchée au bord des flots.

L’empereur ! Il est ivre, il pince de sa lyre,
Il chante, puis, levant la coupe d’or en l’air,
Il provoque le ciel en son ardent délire,
Et dit : « Le dieu Néron boit au dieu Jupiter ! »

Soudain le ciel répond par un coup de tonnerre ;
La foudre éclate, tombe, et son carreau vengeur
Frappe la coupe d’or, et la fond comme verre
Dans les tremblantes mains de l’insolent buveur.

LA GROTTE DE SAINT BENOÎT.


Le saint est seul au fond de sa grotte sauvage,
Adorant les splendeurs de la triple Raison.
Tout à coup une voix au grave et doux langage
Suspend avec ces mots sa méditation :

« Benoît ! prier est bien, mais agir est plus sage.
Ce qui manque à mes fils, c’est la soumission,
C’est le travail. — Prends donc la règle et l’aiguillon,
Et chasse la paresse et le libertinage. »

Le jeune homme obéit. Il quitte les grands monts,
Et, ralliant à lui quelques saints compagnons,
Il leur met dans le cœur la parole de flamme,

Et dès ce jour le Christ voit ses enfans pieux,
Sous le joug du travail courbés comme des bœufs,
Cultiver sans relâche et la terre et leur âme.

ADIEUX A ROME.


Adieu, vaste tombeau de la grandeur romaine,
Terre des souvenirs, de beautés encor pleine,
Mais où l’on voudrait voir moins de clochers chrétiens
Et plus de citoyens !