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bleau, réduit seulement au cadre prévu, il suffira de considérer le service réglementaire d’un grand réseau, celui de l’Est par exemple.

L’action plus ou moins directe du chef d’exploitation s’étend d’abord sur un parcours de 1,800 kilomètres, divisé en 3 lignes principales et en 24 embranchemens; 375 gares ou stations s’y échelonnent à des distances variables. Il y a de plus 4 grands ateliers, des ateliers secondaires, des remises et des bâtimens d’administration. Tout cet ensemble de constructions formerait une grande ville. Sur le parcours circulent quotidiennement près de 600 trains, souvent en correspondance avec ceux des lignes du Nord, de Lyon, de Belgique et d’Allemagne. Le trajet réuni de ces trains donne un total de 70,000 kilomètres, longueur presque égale à deux fois la circonférence terrestre. Il atteint par année 25 millions de kilomètres. En comptant en moyenne 15 voitures par train, on aura par jour une somme de 9,000 véhicules roulans, ayant ensemble 63 kilomètres de longueur, et pouvant porter, en voyageurs ou en marchandises, une charge de 60 millions de kilogrammes, dont l’embarquement et la sortie doivent s’opérer, on sait dans quel bref délai, par les soins des employés, d’après des règlemens qui ne peuvent pas toujours être fixes. La douane, l’octroi, le contrôle, la police, le camionnage, le factage, la poste, ajoutent leurs exigences à tous ces élémens de complication.

Parlerons-nous des approvisionnemens du service? On s’en fait à peine une idée en visitant le magasin de l’économat d’où les gares tirent les objets dont elles ont besoin. Ce magasin porte parfois à l’étranger le nom d’arsenal; ce n’est point là une qualification ambitieuse; si un jour les chemins de fer français sont réunis dans une seule main et se pourvoient au même économat, celui-ci formera un plus vaste entrepôt que les docks du Havre ou de Liverpool. Voici quelle est, sur la ligne de l’Est, la quantité d’eau et de combustible que consomment les locomotives roulantes. En comptant 10 kilogrammes de houille brûlée par kilomètre parcouru, ce qui est une évaluation modérée, on atteint déjà le chiffre de 700,000 kilogrammes dévorés par jour. Cela représente la charge de 70 wagons. Avec la consommation des ateliers, du service hydraulique, des stations et bureaux, on arrive à 1,000 tonnes pour un jour, soit 365,000 tonnes pour une année, que, pour les besoins d’une seule compagnie, il faut aller extraire de mines parfois à 600 mètres de profondeur.

La dépense d’eau des locomotives peut être évaluée à 8 kilogrammes par kilogramme de combustible brûlé, ce qui donne une consommation quotidienne de 5,600 mètres cubes; mettons le double pour le lavage du matériel et les autres nécessités du ser-