Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 51.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

posées à la fois sur la valeur pour les besoins généraux, sur le poids pour tel emprunt, sur le volume pour tel autre, à tant pour cent de ce dont ils étaient déjà grevés pour un troisième. On comptait dans la douane seulement soixante-huit espèces de taxes, et nombre d’objets étaient assujettis à quatorze droits divers. Il était donc impossible ou du moins très difficile au commerce de s’y reconnaître, et, pour éviter des pertes de temps ou des discussions inutiles, il fallait s’en rapporter à la bonne foi des agens de l’administration, auxquels une longue pratique avait donné la clé de ce dédale. Il arrivait même souvent que ces derniers, au lieu de contrôler les déclarations et calculs présentés à leur bureau, se chargeaient, moyennant rétribution, de les faire, et de pareils procédés étaient absolument contraires aux règles d’une bonne administration. La même confusion et les mêmes irrégularités se retrouvaient dans le timbre et dans l’excise, quoique à un moindre degré. Les administrations précédentes avaient cherché les moyens d’y remédier, mais elles avaient reculé devant la crainte d’altérer le gage du créancier de l’état et devant les difficultés qui pourraient en être la conséquence. Pitt fut plus hardi : il se mit résolument à l’œuvre, et, après avoir consulté les hommes les plus versés dans les questions d’impôts, après s’être renseigné auprès des représentans des principales branches d’industrie et de commerce, il pensa que le mode de solution le plus simple était de supprimer toutes les taxes de douane, d’excisé et de timbre, et de les remplacer sur chaque article par un droit unique, dont le taux serait fixé de façon à donner le même produit que les précédens. L’ensemble de tous ces produits constituerait un fonds dit consolidé, qui serait affecté au service de la dette publique; l’excédant, s’il y en avait, serait employé à solder les dépenses de l’exercice courant, et en cas d’insuffisance il y serait pourvu au moyen de ressources votées à cet effet. Il soumit en conséquence à la chambre des communes plus de trois mille résolutions, et donna sur chacune les explications qui lui furent demandées avec un à-propos, une lucidité et une connaissance de la matière qui excitèrent l’admiration et les applaudissemens de ses adversaires eux-mêmes. « La mesure proposée, dit Burke, était évidemment si nécessaire, si désirable, si avantageuse, et elle avait été développée avec une clarté et une netteté si remarquables, qu’il croyait qu’il ne convenait ni à lui, ni à ceux de ses collègues dont le devoir était malheureusement de voter souvent contre l’administration, de se borner à y donner un assentiment tacite. Il trouvait donc plus digne de lui et de ses amis de se lever, de rendre justice au talent déployé par le premier lord de la trésorerie, et de le remercier en leur nom et au nom du pays de la façon habile et puis-