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résultat à obtenir; mais, pour libérer l’état, il fallait des ressources, et Pitt ne voulait pas les chercher dans une aggravation des impôts, déjà si lourds, et qu’il avait d’ailleurs considérablement augmentés. Ce fut seulement lorsqu’il crut être assuré que, par l’effet des réformes et des mesures adoptées sur sa proposition, le produit des taxes existantes laisserait un excédant disponible qu’il se détermina à proposer un plan d’amortissement. Et d’abord il voulut que le parlement constatât par lui-même le résultat de toutes les mesures prises depuis deux ans, et recherchât quel pourrait être à l’avenir le montant approximatif des dépenses et des revenus annuels du pays. Sur sa demande, une commission présidée par William Grenville fut nommée au commencement de la session pour se livrer à cet examen. Dans son rapport, elle établit que le revenu de l’année précédente avait été de 15,379,182 livres sterling, que celui de l’exercice courant serait de 15,397,171 livres sterling, et qu’il y avait lieu d’en espérer l’accroissement par suite du progrès de la richesse publique, du développement des affaires industrielles et commerciales, et des poursuites énergiques dirigées contre la contrebande. Elle croyait donc pouvoir l’évaluer pour l’avenir au minimum de 15,397,000 livres sterling. Quant aux dépenses, elle les portait à 14,478,000 livres sterling. On avait ainsi le droit de compter sur un excédant annuel de recettes de 919,000 livres sterling; mais pendant quelque temps encore, à raison des charges considérables léguées par la guerre, les dépenses devaient excéder le chiffre normal de 14,478,000 livres sterling. Il fallait achever des vaisseaux dont la construction était commencée, payer des traitemens de demi-solde aux officiers mis en disponibilité, donner des secours aux veuves de ceux qui avaient été tués, ainsi qu’aux réfugiés américains; le tout pouvait monter à 3 millions et être soldé en trois ou quatre années. Toutefois il y avait peu à s’en préoccuper, parce qu’on y affecterait les économies réalisables sur le budget de la guerre, le produit de la vente de quelques biens de la couronne et le montant d’avances à restituer par la compagnie des Indes, et l’excédant de 900,000 livres sterling resterait ainsi disponible.

Cet excédant, porté à 1 million par la création de taxes sur des objets de parfumerie et par une application plus sévère de celles qui pesaient déjà sur les esprits et les bois étrangers, devint la base du plan d’amortissement présenté par Pitt, et dont il suffira d’indiquer ici les principales dispositions. Un million de livres sterling devait être affecté chaque année au rachat des rentes sur la place au cours du jour. Les valeurs ainsi rachetées n’étaient pas éteintes. Le revenu devait en être ajouté au fonds d’amortissement, opérer avec lui, et on avait calculé qu’au bout de vingt-huit ans, par le