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longtemps qu’ils rempliraient fidèlement leur mandat, et chargés, avec les pouvoirs les plus étendus, d’apurer les comptes de tous les ministères.

Le service des trésoriers de la marine donnait lieu à un abus bien plus grave encore. En quittant leur emploi, ces fonctionnaires n’étaient pas tenus de restituer immédiatement les fonds souvent considérables qu’ils avaient entre les mains : l’un d’eux en était détenteur depuis quarante ans, et en 1785 il y avait quatre comptes de cette nature à apurer. Un état de choses aussi irrégulier ne pouvait être maintenu, et Pitt fit décider que désormais les fonds affectés au service de la marine seraient, en sortant de l’échiquier, déposés à la banque, que les trésoriers y prendraient seulement les sommes nécessaires pour acquitter les dépenses courantes de peu d’importance, et que les grosses seraient soldées au moyen de mandats tirés sur cet établissement. Enfin chaque année les trésoriers durent rendre leurs comptes, et en sortant de fonction remettre leur balance à leurs successeurs.

Les membres de la chambre des lords et ceux de la chambre des communes avaient le droit de franchise pour les lettres qu’ils recevaient et celles qu’ils écrivaient. Leur privilège était illimité quant au nombre et quant au lieu de destination, et la seule garantie requise était leur signature mise sur le dos de celles qu’ils étaient censés expédier. Plusieurs d’entre eux avaient trouvé le moyen d’en faire une source de profit. Ainsi ils cédaient, moyennant remise, des provisions d’enveloppes signées par eux à des maisons de banque et de commerce, ou bien encore des lettres leur étaient adressées en des lieux où ils ne résidaient pas, et d’autres personnes, qui étaient les véritables destinataires, les recevaient sous leur nom en franchise. On évaluait à 170,000 livres sterling la perte occasionnée annuellement au trésor par ce trafic déloyal, et Pitt, sans être arrêté par la crainte de mécontenter plusieurs de ses amis, proposa au parlement de décider que chaque membre de l’une ou l’autre chambre n’aurait droit à la franchise que pour dix lettres par jour, que celles expédiées par eux seraient revêtues de leur signature, qu’ils devraient, non-seulement en écrire de leur propre main l’adresse entière, mais encore y mettre le jour, le mois et l’année, et que celles qui leur seraient envoyées ne leur seraient délivrées gratuitement qu’au lieu où ils se trouveraient. Ces diverses mesures furent adoptées : le trésor en retira un profit important, et elles ont été appliquées jusqu’en 1839, époque à laquelle la franchise a été complètement supprimée.

D’autres plans de réformes non moins utiles n’obtinrent pas le même succès. Ainsi, dans les diverses branches de l’administration