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annuel de 20 millions s’élever au double pour l’année 1864. Et cependant, outre la commission sanitaire, il existe encore dans les États-Unis plusieurs autres sociétés qui s’occupent du bien-être du soldat et qui ont toutes leurs agens, leurs journaux, leur budget. Telle est la Western Sanitary commission, que le général Fremont fonda dès les premiers jours de la rébellion pour s’occuper spécialement des armées envoyées par les états de l’ouest. Telle est aussi la Commission chrétienne, qui travaille à la moralisation des troupes en répandant des livres et des brochures dans les camps, en ouvrant des cabinets de lecture gratuits dans toutes les villes de garnison, en abonnant les soldats aux journaux politiques et religieux. Enfin la War-claim association, présidée par le général Winfield Scott, se charge d’une manière toute spéciale de plaider auprès du gouvernement, ou même contre lui, la cause des soldats qui n’ont pas encore touché leur paie entière ou les primes d’enrôlement qui leur sont dues. Les contributions volontaires recueillies par les diverses sociétés charitables des États-Unis dépassent en importance les impôts perçus par le fisc dans plus d’un royaume de l’Europe. Les faits statistiques recueillis par M. Marcellus Hartley prouvent que du commencement de la guerre au 1er mars 1864 le total des contributions volontaires et des sommes votées en faveur des soldats par les conseils municipaux et les législatures spéciales s’élève à 212 millions de dollars, soit à 1 milliard 144 millions de francs. Est-il un pays au monde où les citoyens aient une générosité plus active et un sentiment plus fort de leur devoir envers la patrie ?

Indifférente aux rumeurs qui représentent souvent la confédération du sud comme entièrement vermoulue et sur le point de s’effondrer par son propre poids, la commission sanitaire continue son œuvre avec autant de zèle que si la guerre ne devait jamais finir ; elle ne cesse de faire des appels au patriotisme des citoyens sans se laisser distraire par les alternatives de lassitude et d’espoir exagéré qui s’emparent successivement du peuple. D’ailleurs, quand même la conquête serait achevée dès aujourd’hui, quand même les volontaires licenciés seraient déjà renvoyés dans leurs foyers, la sollicitude de la commission trouverait encore à s’exercer de la manière la plus large. En effet, le retour de la vie militaire à la vie civile doit être facilité aux soldats ; il faut surtout éviter que les invalides ou les membres de leur famille soient obligés de recourir à la pitié publique et déshonorent ainsi la nation. Il est vrai que le gouvernement sert à chaque invalide une pension d’au moins 43 francs par mois réversible sur sa veuve ou sur ses enfans mineurs ; en outre il lui offre, comme à tout autre chef de famille, une propriété de 64 hectares prise sur le domaine national ; mais la pension est