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générales de l’industrie et des arts. Les travailleurs de tout métier, maçons, charpentiers, serruriers, peintres, construisent et décorent gratuitement l’édifice. Les agriculteurs, les ouvriers, les fabricans, y envoient les produits de leur travail; les négocians offrent les denrées de leurs entrepôts ; les artistes, les collectionneurs, ornent les salles de tableaux, de gravures, de livres choisis; les compagnies d’éclairage offrent le gaz nécessaire pour les illuminations. Chacun contribue de son mieux à embellir le local d’objets de toute espèce, les uns destinés à la vente, les autres prêtés aux dames patronesses pour attirer le public des acheteurs dans les galeries de l’exposition; on y voit de tout, depuis la fleur des champs et la gerbe de blé jusqu’aux amas de houille et aux énormes canons d’acier fondu. Plusieurs villes importantes du nord, Cincinnati, Boston, Chicago, Brooklyn, ont eu déjà de grandes foires de charité produisant ensemble plus de 5 millions de francs. Celle qui se tient aujourd’hui à New-York ajoutera probablement au budget de la commission une somme supérieure aux recettes de toutes les autres ventes réunies, car dès les six premiers jours elle a procuré aux agens sanitaires près de deux millions; mais aussi n’a-t-on rien négligé pour attirer le public. L’édifice et ses annexes offrent tout ce que l’esprit ingénieux des commissaires a cru de nature à intéresser les diverses classes de la société newyorkaise : inventions, modèles, trophées de guerre, tentures, livres, objets de mode. Un temple des fleurs s’élève au centre du palais de l’exposition; ailleurs s’ouvre un grand wigwam, où dix-neuf Indiens du far-west exécutent la danse du tomahawk, celle du buffle, de l’aigle ou de la grande plume. Plus loin, les visiteurs sont admis, moyennant 1 dollar par tête, à indiquer par leur vote à quel général de l’Union sera offerte une épée d’honneur. Dans une autre partie du bâtiment, un restaurant orné d’objets de prix d’origine flamande est disposé en forme de cuisine hollandaise, et des femmes portant le costume frison y servent des festins qui rappellent ceux des anciens knickerbockers de la ville de Nouvelle-Amsterdam, devenue plus tard celle de New-York. Enfin, chose plus importante, l’exposition comprend la plus belle collection de tableaux qui ait été faite jusqu’à présent en Amérique. L’inauguration de la foire a été célébrée comme une grande fête nationale : les banques et les cours de justice se sont fermées pendant le jour; le soir, les théâtres, les cirques et le fameux puffiste Barnum ont donné des représentations en faveur des blessés.

La foire de New-York et celles des autres grandes cités de l’Union accroissent d’autant plus les ressources de la commission qu’elles sont pour elle un moyen de publicité. La popularité de l’œuvre grandit tellement que ses fondateurs ne désespèrent pas de voir le budget