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également enjoint de se conformer rigoureusement aux nombreuses formalités de l’étiquette militaire.

Il ne faudrait pas croire toutefois que la position simplement officieuse des inspecteurs sanitaires les amoindrisse aux yeux des soldats; peut-être même leur donne-t-elle une plus grande autorité morale. Restés en dehors de toute hiérarchie militaire, indépendans de l’armée, ces hommes, qui d’ailleurs ont droit au respect de tous à cause de leur zèle et de leurs connaissances, apparaissent comme les véritables délégués du peuple, comme les interprètes de la sollicitude nationale à l’égard des volontaires : ils sont l’image vivante de la patrie. Dès l’abord, leurs investigations embrassèrent tous les détails relatifs au recrutement, à l’hygiène des troupes, à l’administration des hôpitaux, à la police des camps. Usant largement du droit que se sont arrogé tous les Yankees de questionner à outrance, ils font subir aux officiers de chaque régiment des interrogatoires en règle, composés uniformément de plus de cent cinquante demandes; puis ils consignent le résultat de toutes ces réponses et de leurs propres observations dans un rapport adressé à la commission centrale de Washington. Grâce à cette enquête permanente, l’état sanitaire des divers régimens est toujours parfaitement connu ; chaque maladie régnante est immédiatement attribuée à sa cause certaine, et les chirurgiens de l’armée, jugés par leur pratique médicale, peuvent être sérieusement classés par ordre de mérite. L’amélioration de l’hygiène militaire, tel est évidemment le but principal que veut atteindre la commission de Washington par la comparaison des innombrables renseignemens qu’elle recueille; mais elle contribue aussi d’une manière notable aux progrès de l’anthropologie et de la statistique en publiant des tableaux sur la fréquence relative des maladies, sur la taille, l’âge, la force des soldats de diverses races et nationalités qui composent l’armée de l’Union.

La mission de surveillance et d’examen que remplissent les inspecteurs sanitaires et les autres agens de la société est certainement d’une importance capitale; mais, étant purement préventive, elle n’est peut-être pas appréciée à sa juste valeur par la nation et par les soldats eux-mêmes. Ce qui rend le nom de la commission sanitaire si cher aux troupes, c’est qu’elle ne cesse de stimuler le zèle patriotique du peuple en faveur des volontaires malades ou blessés et consacre toutes ses ressources au soulagement de leurs maux. Trente mille comités de dames, fonctionnant sur tous les points de la république, correspondent avec le comité central de Washington, et recueillent pour lui les fonds et les objets qu’il réclame. Tous ces objets, articles de vêtement et de nourriture, stimulans, drogues