Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 51.djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cessé de les encourager par les récompenses qu’elle décerne, par les questions qu’elle met au concours, et par les choix qu’elle fait pour se recruter; mais ses encouragemens les plus efficaces sont encore les exemples qu’elle donne. Le public sait bien dire que c’est une des classes de l’Institut où l’on travaille le mieux. Indépendamment des travaux personnels de ses membres, l’Académie s’est courageusement chargée du lourd héritage que laissaient les bénédictins. Grâce à elle, ces beaux ouvrages qui faisaient honneur à l’érudition française, et que la révolution avait interrompus, ont été repris, et, quelle que soit la juste réputation de ceux qui les avaient commencés, ils n’ont rien perdu à passer en d’autres mains. Il n’est plus permis d’insinuer aujourd’hui, comme le faisait Chateaubriand au commencement de ce siècle, que la science ne se relèvera pas de la destruction des ordres monastiques. L’érudition s’est faite laïque, comme tout le reste. Si l’on en doutait encore, il me suffirait de citer une publication récente, que les anciens travaux des bénédictins ne surpassent pas, le Discours sur l’état des Lettres au quatorzième siècle, couronnement d’une vie austère toute consacrée à la science, œuvre puissante d’un homme dont on admire l’active et vaillante vieillesse, et qui semble avoir attendu l’âge où tout le monde se repose pour élever le monument auquel son nom restera attaché.

Il est naturel que l’Académie des Inscriptions ne néglige pas l’épigraphie. Elle serait infidèle à ses traditions et au nom même qu’elle porte, si elle le faisait. Lorsqu’il y a quatre ans la mort de M. Ph. Le Bas, un de ses membres, interrompit la publication des inscriptions grecques et latines qu’il avait recueillies en Asie-Mineure, elle ne voulut pas laisser ce livre inachevé, et chargea un épigraphiste habile, M. Waddington, de le continuer. C’était la partie la plus délicate de l’ouvrage qui restait à faire. M. Le Bas avait publié les textes; il fallait les expliquer et les commenter. Dans ce travail difficile, M. Waddington s’est montré digne de la confiance que lui avait témoignée l’Académie par le talent et l’activité qu’il a déployés pour la satisfaire. L’œuvre a marché rapidement, ce qui n’est pas ordinaire aux travaux de ce genre, et elle sera bientôt complète. En attendant, M. Waddington a eu l’heureuse idée d’en détacher un long et curieux fragment, et de le répandre dans le public comme un spécimen de l’ouvrage : c’est le commentaire d’un édit de Dioclétien sur le prix des denrées. Peu de monumens épigraphiques sont aussi importans que celui-là, et peuvent rendre autant de services à l’histoire et à l’économie politique. Je vais me servir du commentaire lumineux dont M. Waddington l’accompagne pour en donner rapidement une idée.