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reux de prendre parti : ils avaient connu Galilée, les aventures de leur illustre compatriote étaient encore récentes, et derrière la question du mouvement de la terre ils entrevoyaient le saint-office. On connaissait son aversion opiniâtre pour certaines vérités, et la critique moderne n’avait pas encore révélé toute sa bienveillante mansuétude. Tout en gardant le silence sur la cause présumée, l’académie a donné dans ses mémoires imprimés l’indication, moins précise, il est vrai, du même phénomène, et la déclaration d’une ignorance, peut-être volontaire, sur la nature des causes qui le produisent ; elle propose de mesurer le temps en comptant directement les oscillations d’un pendule ; mais elle conseille de le suspendre à deux fils, parce que le pendule à un seul fil, quelle qu’en soit la cause, s’écarte insensiblement de sa direction primitive, et son mouvement ne se fait plus bientôt dans un arc vertical, mais par une spirale allongée dans laquelle les vibrations ne se distinguent plus. Comme le remarque d’ailleurs avec équité le directeur de l’institut polytechnique de Florence, ces citations inédites ou obscures et oubliées n’enlèvent rien au mérite du nouvel inventeur, auquel elles étaient, comme à tous les physiciens, restées complètement inconnues.

Rien n’est plus ordinaire que de voir des inventeurs, persuadés qu’ils ont atteint le but aussitôt qu’ils en ont approché, s’arrêter en laissant à d’autres le soin de suivre les conséquences de leur idée et de perfectionner leur œuvre. Un premier succès éteint leur ardeur et satisfait leur curiosité. D’autres au contraire, plus persévérans et plus forts, regardent un premier résultat comme l’occasion d’un nouveau travail : ils marchent avec ardeur vers les vérités entrevues, en montrant incessamment, par l’heureuse abondance de leurs développemens et par des preuves continuelles d’habileté, que le hasard n’est pas leur guide.

C’est à cette seconde classe d’inventeurs qu’appartient l’auteur de l’expérience du pendule. Après avoir heureusement résolu un problème réputé si difficile, et mis dans une lumière éclatante une expérience inaperçue jadis, dont il ne restait que quelques traces obscures, il a cherché dans des combinaisons nouvelles des preuves plus sensibles encore du mouvement de la terre, et, par une exacte analyse des forces mises en jeu, il est parvenu à les diriger, en leur faisant produire des effets aussi brillans qu’inattendus. Un homme enfermé sans boussole dans une chambre, et n’apercevant pas le ciel, peut trouver la direction du nord et la latitude du lieu qu’il occupe. Tels sont les résultats extraordinaires démontrés et réalisés aujourd’hui, et que tous les savans, il y a vingt ans, auraient, sans hésiter, déclarés impossibles.

Frappé, comme tous les géomètres, par l’expérience du pendule,